

D’une grande précision : la maladie d’Emmanuel Macron n’a rien à voir avec la lèpre de Baudoin IV de Jérusalem, la scoliose de Richard III, et évidemment, aucun lien avec la syphilis de François Ier.
D’une grande précision : la maladie d’Emmanuel Macron n’a rien à voir avec la lèpre de Baudoin IV de Jérusalem, la scoliose de Richard III, et évidemment, aucun lien avec la syphilis de François Ier. Aucun lien non plus avec l’entérite tuberculeuse de Louis XIII. Et pas seulement parce que le covid n’est ni la lèpre, ni la syphilis - pour ce qui est de la comparaison entre le covid et la grippe, ne comptez pas sur moi pour entrer dans un débat beaucoup plus miné que le partage des terres entre israéliens et palestiniens. La principale différence entre la maladie d’Emmanuel macron et la maladie des roi de France, c’est le corps du roi - car à chaque fois qu’un président à une la grippe, la rate qui déraille ou la prostate qui tousse, il est question des deux corps du roi… Alors voilà, ça serait fantastique si l’on pouvait ne plus jamais évoquer les deux corps du roi au présent et à l’avenir, pour le covid d’Emmanuel Macron comme pour la varicelle d’Hanouna si bien sûr Hanouna est élu ou vous savez. Car en fait, cette notion que l’on doit à l’historien allemand Ernest Kantororowicz n’a à peu près rien à voir avec la maladie dont souffre le locataire de l’Elysée, et c’est même un peu son problème. Je m’explique. Ernest Kantororiwcz est l’un des historiens les plus singuliers et les plus fascinants du XXe siècle, juif, Hitler lui proposa de devenir Aryen d’honneur, il refusa, réfugié aux Etats-Unis, lui l’anti-communiste virulent, refusa de participer au Maccarthysme. Les deux corps du roi racontent la lutte entre deux pouvoirs, le pouvoir temporel et royal contre le pouvoir de l’Eglise. Cette métaphore naît de l’expression “le roi est mort, vive le roi”, manière d’affirmer que si le corps physique d’un roi peut mourir, le corps spirituel de la royauté, lui, ne peut pas périr, le pouvoir se transmettant du défunt à son successeur. Mais ce n’est là qu’une facette de l’expression. Car au-delà de cela, cette vision signifie que les politistes médiévaux se représentaient la société comme un organe, que le roi récapitulait. Saint Louis ne gouvernait pas la France, il était la France. Et pour ce faire le roi, les rois, devaient lutter contre un autre pouvoir - celui de l’Eglise. Au travers des deux corps du roi, Kantorowicz raconte l’émancipation du pouvoir royal, par rapport au pouvoir religieux, comme se distingue le corps de Saint Louis de l’autre corps, celui du Christ. Mais précisément, aujourd’hui la comparaison ne fait plus sens - aucun président ne récapitule son pays - le symbole a fait long feu, Emmanuel Macron n’est pas le descendant de Louis XVI ni même celui de François Mitterrand, il n’arbore pas de masque de fer, tout au plus un masque FFP2.
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