Pierre Henry : "Nous avons oublié de transmettre un certain nombre de nos valeurs"

Pierre Henry, président de France Terre d'Asile.
Pierre Henry, président de France Terre d'Asile. ©AFP - PIERRE ANDRIEU
Pierre Henry, président de France Terre d'Asile. ©AFP - PIERRE ANDRIEU
Pierre Henry, président de France Terre d'Asile. ©AFP - PIERRE ANDRIEU
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Dimanche 23 septembre, L’Aquarius, ce bateau humanitaire affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF), a répondu à l’appel de détresse lancé par une embarcation de migrants. Depuis, il fait des ronds dans l'eau.

Avec
  • Pierre Henry Directeur général de l’association France Terre d’Asile

Cinquante-huit personnes ont été secourues par le navire, qui est la dernière embarcation ad hoc à secourir ceux qui tentent de traverser la Méditerranée. Depuis, le navire attend de pouvoir accoster. Refoulé à Marseille, il s’est aussi vu retirer son pavillon par les autorités maritimes panaméennes. Malte a finalement consenti à ce que les migrants débarquent sur l’île, si les conditions météo le permettent, avant qu’ils soient répartis entre 4 pays européens, dont la France qui en prendra dix-huit. Est-ce la fin des opérations de sauvetage en mer? L'Aquarius est-il le symbole de la faillite collective de l'Europe sur le sort des migrants?

Avec le témoignage de Ludovic Duguépéroux, marin sauveteur sur l’Aquarius :

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Ces gens nous offrent des moments de vies incroyables, à bord. Moi, je leur demande "pardon", j’ai honte. On parle de chiffres, on parle de migrants... nous, on voit des gens avec des enfants qui se noient. On a des regards, des mains qui se tendent, alors que leur dire ? Pardon, pardon, c’est pas ça l’Europe ! C’est pas ça, les marins : les marins ne laissent personne ! On voit Malte depuis des jours, ils ont vécu l’horreur, et ils sont patients. J’ai envie de leur dire "pardon". "Pardon" que les gens qui prennent des décisions dans le pays duquel je viens ne vous considèrent pas, et vous appellent "migrants". Il y a une déshumanisation.

Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile :

Au cours des dernières années, on a laissé filer toute une série de thématiques, notamment sur le devoir d’hospitalité qui s’inscrit dans un pacte civique : nous avons oublié de transmettre un certain nombre de valeurs, nous avons oublié d’inscrire ce devoir d’hospitalité dans un pacte civique. Et c’est aussi la raison pour laquelle vous avez un sentiment d’insécurité culturelle qui est largement instrumentalisé. Il l’est d’autant plus que cette question a été laissée en jachère, notamment par la gauche.

On peut à la fois protéger la population européenne et respecter notre devoir d’humanité. Il ne faut pas opposer les deux. L’Europe en a la capacité. Nous avons la capacité de faire les deux : protéger et respecter.