Le médecin, professeur émérite en diabétologie et co-fondateur du Collectif Inter-Hôpitaux, André Grimaldi.

André Grimaldi : "La France est bonne pour le soin mais pas pour la prévention"

Le médecin, professeur émérite en diabétologie et co-fondateur du Collectif Inter-Hôpitaux, André Grimaldi. ©AFP - Thomas Samson

Résumé

Le médecin André Grimaldi, professeur émérite de diabétologie au CHU Pitié Salpêtrière, co-auteur de "Santé : Urgence" (Odile Jacob) à paraître le 27 mai, revient ce matin sur notre système de santé et sur les crises traversées par l'hôpital public.

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André Grimaldi (Professeur émérite de diabétologie au CHU de la Pitié-Salpêtrière).

Le 15 mai dernier, alors qu'il visitait l'hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, le Président Emmanuel Macron a fait un mea culpa. Il a promis des annonces fortes pour mettre "mettre fin à la paupérisation" des hôpitaux où la contestation a repris cette semaine avec plusieurs manifestations de soignants. Par ailleurs, lundi prochain commencera le "Ségur de la Santé" sous l'égide du Premier ministre et à laquelle doivent participer un certain nombre de professionnels.

Autant de bonnes raisons de revenir sur l'état de l'hôpital public et sur notre système santé en compagnie de notre invité, le médecin et professeur émérite en diabétologie, André Grimaldi. Membre co-fondateur du Collectif Inter-Hôpitaux, il a co-dirigié avec le sociologue Frédéric Pierru un ouvrage collectif à paraître chez Odile Jacob le 27 mai prochain, Santé : Urgence, qui appelle à repenser entièrement notre système de santé.

Depuis quinze ans, l'hôpital est une entreprise commerciale qui doit être rentable. Il faut être "un hôpital de flux, et non de stock" : c'est le mot d'ordre de nos directeurs. Une gouvernance d'entreprise a été mise en place en 2009 par la loi Bachelot et qui entraîne tous les dysfonctionnements observés pendant la crise.

L'épisode du coronavirus a bouleversé le fonctionnement de l'hôpital et montré comment ce paquebot qui semblait lourd, très difficile à manoeuvrer, s'est révélé d'une agilité incroyable. Pourquoi ? Parce que les équipes soignantes ont pris la main sur les équipes de gestion.

Nous avons construit un système de soins, et non pas un système de santé, de prévention. C'est ce qui pénalise notre système, qui est par ailleurs bien adapté aux maladies aigües et curables grâce à la ville et à l'hôpital. Notre système est moins bon pour la prévention, pour les maladies chroniques et pour les urgences. Cela fait beaucoup.