Alors qu'en Chine, 56 millions de Chinois sont maintenus confinés, trois cas de coronavirus ont été détectés en France. Faut-il s'en inquiéter ? Nous posons la question à l'historien de la santé, spécialiste des épidémies, Patrick Zylberman.
- Patrick Zylberman Professeur émérite d’histoire de la santé à l’Ecole des hautes études en santé publique
Apparu début décembre sur un marché de Wuhan, en Chine, le coronavirus a déjà fait 41 morts. Le nombre de cas de contamination confirmés atteint désormais 1300 selon le dernier décompte. Jeudi, l’Organisation mondiale de la santé a reconnu « l’urgence en Chine » mais reporté la décision de déclarer une situation " d’urgence de santé publique de portée internationale".
Les autorités chinoises ont néanmoins décidé de mettre en quarantaine plusieurs villes dont l’épicentre de l’épidémie, et 56 millions de personnes sont désormais concernés. Dans ces villes, tous les événements publics du Nouvel An chinois ont été annulés. Enfin, des cas de contamination ont été relevés en Asie, mais aussi aux Etats-Unis et depuis hier trois cas ont été déclarés en France.
Patrick Zylberman, historien de la santé, spécialiste des épidémies, auteur de Tempêtes microbiennes: Essai sur la politique de sécurité sanitaire dans le monde transatlantique, paru chez Gallimard en 2013, analyse comment la propagation de ce virus affecte le monde et la société.
La panique est toujours la première réaction dans ce genre de cas. L'indice premier, ce sont les pharmacies dévalisées. Les gens se précipitent sur les masques, alors que ça ne sert à rien.
Nous sommes mieux armés aujourd'hui qu'en 2003. Mais il nous manque beaucoup d'éléments : on ne peut pas calculer la létalité de l'épidémie et nous sommes incapable de connaître la vitesse à laquelle elle se propage.
La communication publique en France par les autorités sanitaires est une calamité : on est tellement angoissé à l'idée de paniquer les populations, qu'on finit par ne rien dire du tout ou alors on dérape.
La quarantaine peut servir à quelque chose si dans le même temps, il y a un surcroît de mobilisation à l'hôpital à l'hôpital, un surcroît sérieux. Et l'état de nos hôpitaux est un problème : nous avons un personnel extrêmement compétent mais nous manquons de moyens.
Le choix musical de Patrick Zylberman ♪♫
- In The Mood For Love - Ultimate Soundtrack Suite
Pour aller plus loin :
- La page de l'OMS dédiée au coronavirus.
- Retour sur la page des Matins du Samedi.
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