Marie Bovo : "En photographie, la disparition m'intéresse particulièrement"

Cour Intérieure, 27 février 2009 / Cour Intérieure, 23 avril 2009.
Cour Intérieure, 27 février 2009 / Cour Intérieure, 23 avril 2009.  - Marie Bovo / Fondation Henri Cartier Bresson
Cour Intérieure, 27 février 2009 / Cour Intérieure, 23 avril 2009. - Marie Bovo / Fondation Henri Cartier Bresson
Cour Intérieure, 27 février 2009 / Cour Intérieure, 23 avril 2009. - Marie Bovo / Fondation Henri Cartier Bresson
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Visite guidée de l'exposition "Nocturnes" en compagnie de l'artiste et photographe Marie Bovo, qui capte, dans cette série de photographies exposée à la Fondation Henri Cartier Bresson, à Paris, cet instant si particulier qui sépare le jour de la nuit au Ghana, à Alger et à Marseille.

Avec

Mus par un fort désir de respirer et de voir la lumière, nous avons choisi de partir en promenade en compagnie d’une photographe venue exprès de Marseille pour nous guider dans l’exposition parisienne de ses 35 tirages en grand format et en couleurs. C’est à la fondation Henri Cartier-Bresson, qui a rouvert ses portes comme quelques musées le 3 juin dernier, pour le plus grand bonheur de l’artiste et des visiteurs dont nous avons été. Elle y montre des photos prises à Marseille, à Alger ou au Ghana, souvent la nuit ou à ce moment si particulier de la journée qu’on appelle "entre chien et loup", un moment fait à la fois d’obscurité et de lumière. Avec elle, la vision éculée de la photo comme fenêtre sur le monde prend tout son sens.

Je me suis souvent demandée si, dans la culture occidentale, il n'y avait pas une certaine haine de la couleur. Ici, la couleur est souvent considérée comme trop féminine, trop cosmétique, trop infantile. Elle est trop du côté du corps ou de la matière. Et la nuit, la couleur surgit toujours à partir du noir et elle devient, à ce moment-là, un événement en soi. 

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La photographe Marie Bovo.
La photographe Marie Bovo.
- Photo archives kamel mennour – Julie Joubert

Je suis toujours fascinée par l'unité d'une journée. Il y a peut-être des échecs de l'universalisme mais il y quelque chose qui fonctionne : c'est cette journée, dont l'unité nous concerne tous, qui que nous soyons et où que nous vivions. Nous sommes tous liés à cet espace du quotidien. Renvoyer à une heure et à une journée, comme je le fais, c'est renvoyer à cette échelle du quotidien pour rappeler la singularité de cette journée qui n'avait peut-être rien d'exceptionnel, mais qui a existé.

En Suisse-le Palais du Roi, Kebab, 22h45 le 21 février 2019.jpg
En Suisse-le Palais du Roi, Kebab, 22h45 le 21 février 2019.jpg
- Marie Bovo / Fondation Henri Cartier Bresson

Je n'ai jamais imaginé que ce kebab puisse disparaître un jour. J'étais toujours éblouie quand j'y rentrais, face à ces céramiques. C'est comme si toute la Méditerranée était là. Chaque personne rencontrée dans ce lieu me disaient que ces céramiques étaient belles, me parlait d’un rapport personnel et intime à elles, d'une beauté qu'ils vivaient et qu'ils partageaient. Aujourd’hui, les céramiques ne sont plus là, alors qu'elles représentent la fondation mythologique de Marseille.

Alger 00h14, le 9 novembre 2013 / Alger 22h05, le 9 novembre 2013
Alger 00h14, le 9 novembre 2013 / Alger 22h05, le 9 novembre 2013
- Marie Bovo / Fondation Henri Cartier-Bresson

L'appartement, c'est souvent l'intériorité. Et cette chambre est rose : elle est d'autant plus rose qu'elle est électrisée par la lumière électrique. Ce rose prend alors une certaine vibration, une certain présence. Et nous sommes dans un jeu de vis-à-vis avec les appartements qui sont en face. Comme c'est la nuit, il y a une sorte de renversement : on ne sait plus trop ce qui est à l'intérieur et ce qui est à l'extérieur. 

Pour découvrir l'exposition : 

  • L'exposition "Nocturnes" està voir à la Fondation Henri Cartier-Bresson, à Paris jusqu'à 23 août prochain.