Nastassja Martin a fait paraître à l'automne "Croire aux fauves". L’anthropologue, lauréate du Prix François Sommer, y interroge les liens entre humains et non-humains à travers le récit de sa rencontre inopinée et violente avec un ours dans les monts du Kamtchatka.
- Nastassja Martin Anthropologue diplômée de l’EHESS et spécialiste des populations arctiques.
Croire aux fauves, paru aux éditions Verticales, est le récit d'une renaissance. L'anthropologue Nastassja Martin y relate la bataille à mort qu'elle a menée avec un ours rencontré dans les monts du Kamtchatka, à l'extrême-est de la Russie alors que la chercheuse séjournait, dans le cadre de ses recherches, chez les Evènes.
Trois ans après la sortie Des Ames sauvages, aux éditions La Découverte, Nastassja Martin tire de cette expérience qui l'a bouleversée physiquement et intellectuellement un récit puissant et éminemment littéraire dans lequel l'anthropologue explore les relations entre les humains et le reste de la nature. Une réflexion à la fois personnelle et distancié sur l'altérité, la métamorphose et la position du chercheur, qui a valu à Nastassja Martin de rencontrer un certain écho auprès des lecteurs et de recevoir, en octobre dernier, le Prix François Sommer.
Je me sers de ma rencontre avec l'ours pour montrer comment la cosmologie animiste sur laquelle je travaille s'est transformée d'objet de recherche en une expérience, qui a non seulement traversé mon intellect mais aussi mon corps. Ainsi, je questionne la position de l'anthropologue par rapport à son objet.
En redevenant chasseurs, cueilleurs, pécheurs, les Evènes se réapproprient non seulement leur autonome économique, mais aussi leur manière de se relier au monde : ils ouvrent les possibilités de dialoguer avec des non humains. C'est un geste cosmologique mais aussi politique.
Tant "Croire aux fauves" que les autres projets en cours, sont des projets collectifs : ce n'est pas juste un chercheur qui vient et puise les ressources intellectuelles dont il a besoin, sur le terrain. C'est un échange, une coproduction.
C'était important de passer par une écriture littéraire (...) une écriture capable de résonner chez des personnes. Et si elle résonne dans nos mondes à nous, c'est qu'ils ne sont pas si fermés à ce genre de récits, de concepts et d'expériences.
Le choix musical de Nastassja Martin ♪♫
- Aria n°4 corda - Bach
Pour aller plus loin :
- Le débat auquel Nastassja Martin a pris part lors de la Nuit des idées : Des morts vivants aux vivants vivants, comment renouer avec le vivant ?
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