Migrants : comment l'Union Européenne abandonne l'Italie (2ème partie)

La traversée sur des bateaux type zodiac, surchargés, dure en moyenne une dizaine d'heures, selon les témoignages de migrants rencontrés en juin en Italie.
La traversée sur des bateaux type zodiac, surchargés, dure en moyenne une dizaine d'heures, selon les témoignages de migrants rencontrés en juin en Italie. - Elisa Perrigueur
La traversée sur des bateaux type zodiac, surchargés, dure en moyenne une dizaine d'heures, selon les témoignages de migrants rencontrés en juin en Italie. - Elisa Perrigueur
La traversée sur des bateaux type zodiac, surchargés, dure en moyenne une dizaine d'heures, selon les témoignages de migrants rencontrés en juin en Italie. - Elisa Perrigueur
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Depuis 2016, l’Italie est la première porte d’entrée des migrants et essuie un flux continu d’environ 10 000 arrivées par mois. Alors qu'aucune législation européenne efficace n'est mise en place, l'Italie conclue un accord avec la Libye d'où embarque la majorité des migrants.

Avec
  • Elisa Perrigueur Journaliste indépendante et illustratrice
  • François Gemenne Spécialiste de la gouvernance du climat et des migrations, directeur de l’Observatoire Hugo à l’université de Liège, enseignant à Sciences-Po et à la Sorbonne

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) recense plus de 100 000 migrants ayant traversé la Méditerranée depuis janvier 2017. Parmi eux, environ 85 000 sont arrivés en Italie et 2 300 ont péri ou disparu en mer.

""La rançon des migrants est un phénomène qui s'est accentué en Libye. La mer devient la seule issue." Elisa Perrigueur

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Face à ces chiffres alarmants, l'Union européenne ne parvient pas à mettre en place une législation efficiente pour décharger l'Italie de ce flux migratoire continu. Les Etats européens se montrent très réticents à l'idée d'ouvrir leurs ports aux navires de sauvetage des migrants. Début juillet, lors d'un sommet à Tallinn, Estonie, la Commission européenne a adopté un "plan d'action" qui vise à allouer 46 millions d'euros aux gardes-côtes libyens et 35 millions d'euros pour l'Italie.

Rome a conclu le mercredi 2 août dernier un accord bilatéral avec le gouvernement de Tripoli, Libye, au titre de la lutte "contre l'immigration illégale et le trafic d'êtres humains". Par ce biais, les forces italiennes pourraient interférer dans les eaux territoriales libyennes pour réduire le flux de migrants en provenance de Libye par interception ou secours. Cependant, cet accord est contesté par le Parlement officiel libyen pour atteinte à la souveraineté territoriale libyenne.

A cela s'est ajouté un "code de conduite" pour les ONG, édicté par Rome pour contrôler les opérations en mer. Ce code restreint le rôle et la présence des ONG dans le sauvetage des migrants, seulement trois ONG ont alors accepté de le signer.

Cette émission interrogera également la pertinence de la dichotomie réfugié politique / migrant économique, dès lors que la migration est aujourd'hui un phénomène multifactoriel et dont les périples sont fragmentés sur plusieurs mois voire années.

"La réalité est qu'une grande partie des migrants que l'on appelle "économiques" sont en réalité des réfugiés climatiques" François Gemenne.

"Sur le terrain, les motifs de migration sont extrêmement complexes. Tous partent pour plusieurs motifs à différentes étapes". François Gemenne.

Nous recevons Elisa Perrigueur, journaliste indépendante et illustratrice et François Gemenne, spécialiste des migrations et chercheur en sciences politiques à Science Po et à l'Université de Liège.

Retrouvez ici la première partie

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