Les Matins reçoivent François Jullien, philosophe, helléniste et sinologue, auteur notamment d'"Il n’y a pas d’identité culturelle" paru chez L’Herne et "de L'Invention de l'idéal et le Destin de l'Europe" publié chez Folio Essai en mai dernier.
- François Jullien Philosophe, helléniste et sinologue, professeur à l'université Paris-Diderot et titulaire de la Chaire sur l’altérité au Collège d’Etudes mondiales de la Fondation Maison des sciences de l’homme
Au moment où nous évoquons beaucoup le choc des civilisations, au moment où les grands blocs comme les Etats-Unis, la Chine, l’Europe, sont dans des situations de tensions, la parole des passeurs est importante. Pour tenter de relativiser ces tensions et de remettre les choses en ordre, François Jullien est l’invité de Guillaume Erner.
« Une culture qui ne change plus est morte »
Comment faire pour que les cultures mènent une existence harmonieuse ? En relativisant la notion d’identité culturelle ?
Ce n’est pas la relativiser ; c’est la rejeter. Je pense qu’il n’y a pas d’identité culturelle car les cultures sont collectives et ne cessent de changer. Une culture qui ne change plus est morte. François Jullien
Comment définiriez-vous votre culture ?
La culture n’est pas de l’ordre du possessif. Je tiens au terme de ressource, car les ressources ne se possèdent pas. C’est à qui les exploitent. Les ressources ne s’excluent pas, à la différence des valeurs. Plus on a de ressources, plus notre réseau culturel s’élargit. La ressource est un déploiement d’intelligence.
« Il faut penser les cultures comme pouvant se réfléchir les unes à travers les autres »
Quelles sont les intelligibilités offertes par les langues, le chinois, le français ?
Nos ressources culturelles sont d’abord dans la langue. Il y a des ressources de part et d’autre, et c’est de les mettre en vis-à-vis qui fait apparaître ces ressources respectives. Il faut penser les cultures comme pouvant se réfléchir les unes à travers les autres.
Est-ce que vous êtes inquiets sur l'avenir de votre langue maternelle, le français?
Les cultures sont dans des rapports de force. La langue française qui a eu son heure de gloire est aujourd’hui en retrait. Je défends les langues de culture. Une langue de culture est une langue qui a été déployée par des gens qui sont des écrivains. Je suis militant de la langue française mais aussi d’autres langues de culture. Je pense que l’Europe ne sera vraiment active que si elle prend vraiment en considération cette responsabilité de la diversité des langues. L’Europe ne sera que si c’est une Europe des langues de culture.
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