

Alors que les reporters Stephan Villeneuve et Bakhtyiar Haddad sont décédés cette semaine à Mossoul, Lucas Menget et Sophie Nivelle-Cardinale sont les invités de Guillaume Erner pour nous aider à mieux connaitre et comprendre les risques et enjeux des missions des reporters de guerre.
- Sophie Nivelle-Cardinale Journaliste-reporter et réalisatrice indépendante
- Lucas Menget directeur adjoint de la rédaction à France Info
La mort du reporter Stephan Villeneuve des suites de ses blessures et celle de Bakhtyiar Haddad, causées par l’explosion d’une mine dans la ville irakienne de Mossoul, nous rappelle le danger quotidien que bravent les reporters de guerre lors qu’ils sont en zone de conflit.
Lucas Menget et Sophie Nivelle-Cardinale répondent aux questions de Guillaume Erner afin d'évoquer la mémoire de ces deux journalistes et nous dire pourquoi choisir ce métier particulier. Lucas Menget est grand reporter, ancien rédacteur en chef à I-Télé, producteur des Matins d’été sur France Culture. Il est l’auteur de Lettres de Bagdad, publié en 2013 aux éditions Thierry Marchaisse. Sophie Nivelle-Cardinale est journaliste-reporter, réalisatrice indépendante. Elle a reçu le Prix Albert Londres 2016 pour le documentaire Disparus, la guerre invisible de Syrie, réalisé avec Etienne Huver. En 2013, elle a été lauréate du prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre pour le reportage Au coeur de la bataille d’Alep. Elle était en Irak à Mossoul en novembre dernier et à Raqqa la semaine dernière.

Un mot sur ces deux hommes tués à Mossoul ?
Ces deux hommes sont des membres importants de la famille du grand reportage. Bakhtyiar est un grand journaliste irakien. Il était très impliqué dans la couverture de la bataille de Mossoul. Stéphane était journaliste depuis très longtemps. Il a lui aussi fait de très nombreux reportages dans presque toutes les zones de guerre de la planète. Lucas Menget
C’est une petite communauté les reporters de guerre ?
Oui c’est une petite communauté, on se connait tous. Malheureusement ce qui s’est produit s’est beaucoup passé les dernières années. Ce n’est parce qu’on a une carte de presse que les mines ne nous blessent pas. Mais on ne part jamais en se disant qu’on va mourir sinon on ne partirait pas. Sophie Nivelle-Cardinale
Pourquoi faire ce métier particulier ?
J’ai travaillé longtemps sur Badgad parce que j’aime cette ville, les gens qui y habitent, ses problématiques particulières. Ce n’est pas un attachement à la guerre, à des dangers, au bruit des bombes. Lucas Menget
Aujourd’hui, et c’est l’une des nouveautés de ces dernières guerres, les journalistes sont des cibles privilégiées.
J’ai grandi dans une culture où le journaliste a toujours été une cible. L’adrénaline, la mythologie de la guerre, tout ça c’est accessoire. Pour moi il y a peut-être une curiosité de savoir ce qui s’y passe, de témoigner. Les premières motivations sont selon moi journalistiques. Sophie Nivelle-Cardinale
Il y a une autre particularité de Mossoul, c’est que la violence y est sans commune mesure. Les combattants de l’Etat islamique ne font aucune différence entre population civile, armée irakienne et journalistes. Ce sont de toute façon des gens prêts à mourir, qui sont donc capables d’absolument tout. Lucas Menget
Vous ne vous êtes jamais dit qu’il fallait laisser les belligérants entre eux ?
On les laisse entre eux, on raconte ce qu’ils font. Il faut comprendre que dans ces terrains de guerre, il y aussi beaucoup de vie. On n’est pas tout le temps dans la mort et les bombes. Comme ici vous n’êtes pas toujours dans les choses extrêmement joyeuses. Sophie Nivelle-Cardinale
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