Françoise Benhamou : "On vit une grande transformation dans le secteur des médias"

L'économiste Françoise Benhamou sur la scène du théatre du Châtelet à Paris, le 15 septembre 2008
L'économiste Françoise Benhamou sur la scène du théatre du Châtelet à Paris, le 15 septembre 2008 ©AFP - Crédits : JACQUES DEMARTHON
L'économiste Françoise Benhamou sur la scène du théatre du Châtelet à Paris, le 15 septembre 2008 ©AFP - Crédits : JACQUES DEMARTHON
L'économiste Françoise Benhamou sur la scène du théatre du Châtelet à Paris, le 15 septembre 2008 ©AFP - Crédits : JACQUES DEMARTHON
Publicité

Depuis les Rencontres Economiques d'Aix-en-Provence, Hervé Gardette et Anne-Laure Jumet reçoivent Françoise Benhamou, co-présidente du cercle des économistes, spécialiste de l'économie de la culture et des médias.

Avec
  • Françoise Benhamou Économiste de la culture, professeure à Sorbonne Paris Nord, co-présidente du Cercle des Economistes.

Ce mercredi 30 juin marquait la fin des jauges dans les cinémas et les lieux culturels. Le type juste devant vous au théâtre, dont la tête vous masque une partie de la scène ; la spectatrice sur le siège d'à côté qui grignote son popcorn jusqu'à la fin du film, ou encore le gamin sur les épaules de son père qui vous empêche de voir le chanteur et les musiciens... Tout ce petit monde avait fini par nous manquer. Depuis mercredi ils sont tous de retour. Fin des jauges dans les théâtres, les cinémas, les musées, possibilité d'être debout pendant les concerts....

Cet été, les festivals pourront à nouveau se tenir, après une année très difficile en 2020. Les industries culturelles ont pâti de la crise du coronavirus, aussi est-il question aujourd'hui d'imaginer, avec Françoise Benhamou, une relance de l’économie de la culture, à la fois sur le court et le long terme. 

Publicité

On est partagé : on a le sentiment que les gens ont envie de revenir. Ils sont nombreux dans certains théâtres, dans certains festivals, etc. Et en même temps, les billetteries ne font pas le plein. Or il faut faire le plein pour pouvoir amortir les coûts.

Si l'industrie du livre a bien marché, certains livres  ne seront pas publiés. Du côté du théâtre, par exemple, un certain nombre de pièces ont été retardés, d'autres ont été abandonnées et ne seront pas jouées. Même s'il y a des compensations financières, la compensation culturelle, psychique, psychologique, affective, n'est pas là. 

Le secteur associatif qui travaille dans la culture est fondamental pour les quartiers, pour les petits territoires, et ce, tout au long de l'année, pas seulement au moment des festivals. Il fallait absolument aider ce secteur-là. Un autre secteur est celui du patrimoine qui a un effet en cascade sur les territoires. Les gens viennent, les villes sont plus agréables à vivre. Le vivre ensemble est extrêmement important. 

Les plateformes audiovisuelles, qui capturent une partie des programmes, financent désormais elles aussi la production audiovisuelle, comme les chaînes. C'est une très bonne nouvelle. Mais maintenant qu'elles vont investir encore plus qu'elles ne le faisaient,dans la production, est-ce qu'elles ne vont pas être en position de récupérer à leur profit toute l'innovation et les artistes les plus intéressants?

Après l'économie de la culture, autre secteur très proche cousin du premier, c'est celui des médias. Françoise Benhamou est également présidente du Comité relatif à l'honnêteté, à l'indépendance et au pluralisme de l'information et des programmes de Radio France, depuis octobre 2018. L'honnêteté, l'indépendance, le pluralisme dans les médias français : comment ces notions se portent-elles ? 

On vit une grande transformation. Dans le secteur des médias, elle est due à de nombreux facteurs et elle atteint la manière de travailler et s'affranchit de ce qui était les grands principes de fonctionnement de nos médias.

On voit changements extrêmement profonds dans les secteurs de l'audiovisuel et qui interrogent  notre modèle français avec des médias. On avait l'idée que la radio et la télévision n'étaient pas des médias d'opinion. Aujourd'hui, ces transformations interpellent beaucoup de monde. 

La concentration de l'information dans les mains d'un groupe qui serait relativement à la fois dominant, gros et avec un vrai pouvoir de marché du point de vue de la publicité, peut inquiéter. Mais en même temps, on est en en face d'acteurs géants qui entendent bien grignoter des parts de marché, ce qu'ils font et ils vont sur des terrains qui sont de plus en plus larges. Le vieux paysage est obligé de se transformer. 

Le choix musical de Françoise Benhamou

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

L'équipe