Giuliano da Empoli : "Il faut dépasser cette idée d'une exception technologique des réseaux sociaux"

L'essayiste et ancien conseiller politique de Matteo Renzi, Giuliano da Empoli.
L'essayiste et ancien conseiller politique de Matteo Renzi, Giuliano da Empoli.   - Brigitte Baudesson
L'essayiste et ancien conseiller politique de Matteo Renzi, Giuliano da Empoli. - Brigitte Baudesson
L'essayiste et ancien conseiller politique de Matteo Renzi, Giuliano da Empoli. - Brigitte Baudesson
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Alors que la présidence de Trump s'achève dans un climat chaotique et à quelques jours de l'investiture de Joe Biden, l'essayiste et ancien conseiller politique de Matteo Renzi, auteur en 2019 des "Ingénieurs du Chaos", (JC Lattès), Giuliano da Empoli.

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Giuliano da Empoli est président de Volta, un centre de réflexion basé à Milan et à Bruxelles. Essayiste et auteur en 2019 du livre publié chez JC Lattès, Les ingénieurs du chaos, Giuliano da Empoli définit le populisme comme "_l'union de la colère et des algorithme_s". Surtout, l'ancien conseiller politique de Matteo Renzi y évoque ceux qui mettent au point cette recette : pas tant les politiques eux-mêmes que ceux qui sont derrière, les experts, conseillers, techniciens et qui ont compris avant "que la rage était une source d'énergie colossale et qu'il était possible de l'exploiter pour réaliser n'importe quel objectif, du moment qu'on en comprenait les codes et qu'on maîtrisait la technologie." Giuliano da Empoli est notre invité. 

On a bien vu ce côté festif dans les costumes, les accoutrements de ceux qui ont pénétré au Capitole, même s'il y a eu cinq morts, de la violence. La plupart étaient là pour prendre des selfies ! On oublie souvent cette composante un peu ludique. _O_n parle toujours de ces mouvements en mettant l'accent sur les aspects plus négatifs, de peur. Dans un meeting de Trump, il y a toujours cet aspect qui est très présent, dans sa rhétorique aussi. Et je pense que c'est un peu le défaut des hommes politiques traditionnels et des partis traditionnels, qui pensent qu'on peut, avec des arguments purement rationnels et une slide PowerPoint, contrer cette énergie nationale populiste. Il faut plus que cela. 

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Le grand dégât de la présidence de Trump, qui ne va pas se terminer avec son départ, est qu'il a étendu la sphère de ce que l'on peut dire, ce que l'on peut faire. Salvini a fait la même chose lorsqu'il a été au pouvoir en Italie. C'est ce que font souvent ces leaders-là, c'est à dire déployer des arguments souvent racistes, à la limite du fascisme, ou du moins qui rappellent ces émotions et ces pulsions. Ce qui n'était pas tolérable dans le débat public avant le passage de ces personnages l'est aujourd'hui : le vrai danger est là. 

Le 8 janvier, Twitter a décidé de suspendre le compte du président américain, ce qui a suscité de vifs débats, aux Etats-Unis et ailleurs. 

Cette décision est positive parce qu'on va vers une prise de responsabilité de la part des réseaux pour les contenus qu'ils véhiculent. Ils prétendaient jusque-là être complètement irresponsables. Là, nous allons vers une évolution où l'on reconnaît qu'il s'agit, d'une certaine façon, de médias, au moins pour une partie de leurs activités. Même si ce ne sont pas des journalistes qui font la hiérarchie des nouvelles, ce sont des algorithmes. Et tout cet espace-là a besoin d'une régulation, qui est pour l'instant complètement absente. Il faut dépasser cette idée d'une exception technologique, qui ferait qu'on ne peut pas réguler ces secteurs parce qu'ils marchent d'une autre façon. 

Pour aller plus loin : 

Le Choix musical de Giuliano da Empoli :

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