Blandine Rinkel : "Tout tremble, mais le tremblement est aussi un rire"

L'écrivaine, musicienne, danseuse, membre du groupe "Catastrophe", Blandine Rinkel
L'écrivaine, musicienne, danseuse, membre du groupe "Catastrophe", Blandine Rinkel - Capucine de Chocqueuse
L'écrivaine, musicienne, danseuse, membre du groupe "Catastrophe", Blandine Rinkel - Capucine de Chocqueuse
L'écrivaine, musicienne, danseuse, membre du groupe "Catastrophe", Blandine Rinkel - Capucine de Chocqueuse
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L'écrivaine, musicienne, danseuse membre du groupe "Catastrophe" Blandine Rinkel, qui fait paraître un livre d'entretiens aux Presses universitaires de France intitulé "Tout tremble".

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"Notre époque est passionnée par le pire et je ne partage pas cette passion". Notre invitée, ce matin, est dans l’année de ses 30 ans, considère que la jeunesse est "cet état privilégié où les chutes ne sont pas des chocs", préfère à la sidération le mouvement et même le débordement, carbure au désir, revendique un droit au ridicule et tente de créer, d’essayer, de faire, seule ou à plusieurs, dans des livres sur scène ou ailleurs. 

Autrice précédemment de L'Abandon des prétentions et du Nom secret des choses (Fayard), l'écrivaine, musicienne, danseuse et membre du groupe "Catastrophe" Blandine Rinkel fait paraître aux Presses universitaires de France Tout tremble, un livre d'entretien avec Jean-Marie Durand.

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La crise sanitaire nous a permis, paradoxalement, de partager presque universellement la vulnérabilité, la fragilité, l'inquiétude. C'étaient des choses qui appartenaient plutôt au domaine du privé. Et soudain, c'est devenu public, partagé. Donc le titre de mon livre "Tout tremble", c'est ce sentiment que tout tremble et qu'on tremble ensemble, mais qu'on peut aussi en rire. (...) Je parle dans ce livre de mouvement ou de désir mais cela me semble un peu faux de le crier comme un manifeste. De dire : "soyons en mouvement", cela n'a pas de sens. À mon sens, on sent le besoin de faire des choses où on ne l'éprouve pas et je respecte aussi qu'on ne l'éprouve pas. 

Le music-hall est vraiment le genre scénique par excellence du présent. Je dirais que c'est un genre scénique où l'on peut se permettre de parler de ce que l'on vit, au moment où on le vit. Et j'aime bien cette expression, je crois qu'elle est de Pierre Pachet, qui dit c'est aussi "l'art de la spécialité des non-spécialistes" : dans l'art du music hall, on voit des gens qui s'essayent à jongler, à faire un numéro d'humour, puis à improviser une chanson. Ils ne sont pas tout à fait jongleurs, ni humoristes, ni chansonniers, mais ils sont un peu tout ça à la fois. Et c'est comme si ils poussaient au paroxysme des possibilités qu'on a tous en nous. J'aime bien cette espèce de vulnérabilité qu'on peut éprouver sur scène quand on fait quelque chose dont on n'est pas spécialiste, mais auquel on rend hommage. 

J'ai l'impression qu'en France, il y a une volonté d'être trop sérieux : on prend le sérieux très au sérieux et l'humour est censé être anecdotique. Je crois bien au contraire que l'humour est quelque chose de très sérieux et qu'il est des manières d'être grave qui ne sont pas assez sérieuses. (...) Ces derniers mois, on a entendu beaucoup de gens qui avaient l'air de connaître le futur avec énormément d'aplomb et de précision. Et cela m'a un peu étonné, parce que le propre du futur est quand même qu'il reste toujours surprenant. Je trouve que la fiction sauve un peu de cela : elle permet d'imaginer le futur, de faire des conjectures, mais sans avoir cet esprit de sérieux. 

À réécouter : Le nom secret des choses
L'Expérience
58 min

Pour aller plus loin : 

Le choix musical de Blandine Rinkel :

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