Chris Dercon : "Tout va changer dans les musées, et peut être même dans les salles de cinéma ou de théâtre"

Pas de public, mais des caméras. Le spectacle La Ronde, présenté par le danseur et chorégraphe Boris Charmatz, aujourd'hui dans la Nef du Grand Palais, va être capté puis diffusé en mars sur France 5. Dernière danse avant fermeture : l'immense monument inauguré en 1900 va être profondément rénové, restauré. Réouverture prévue en 2024. En attendant, il y aura ce Grand Palais éphémère construit sur le Champ de Mars avec d'autres expositions, d'autres événements et encore, sans doute, de l'imprévu. Chris Dercon, président de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, est notre invité. 

Ce spectacle de Boris Charmatz, "La Ronde", c'est aussi un rite de passage. On va fermer bientôt le Grand Palais, ce lieu magique, pour aller au Champ de Mars dans le Grand Palais éphémère, pour revenir ensuite au Grand Palais. Et c'est aussi un symbole parce que le Grand Palais, ce n'était pas uniquement des salons de d'industrie. Il n'y avait pas uniquement des défilés de la mode ou des expositions fantastiques. Dès les débuts, il y a eu aussi des fêtes, des spectacles, de la vie moderne. La danse, la musique, la variété, le music hall faisaient et font partie de la vie du Grand Palais. 

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Il faut tirer des leçons de cette période. Il faut par exemple, à l'avenir, faire beaucoup plus avec le digital. (...) Tout va changer dans les musées, dans les expositions, et peut être même dans les salles de cinéma, les salles de théâtre. Et pourquoi pas ? On va rencontrer de nouvelles difficultés, mais aussi des nouveaux défis. Le plus important, c'est l'aspect social. Parce que tout d'un coup, on se rend compte qu'on n'est pas seul dans un musée, ni dans un théâtre, ni dans une salle de cinéma. Et il faut toujours poser la question : "Mais qu'est-ce qu'on fait ici, ensemble, dans cette salle de théâtre, de cinéma, dans cette salle du musée ?" 

On dit "restauration" ou "rénovation", moi je parle plutôt d'une reconstruction critique. On ne va pas revenir au degré zéro de ce bâtiment, à l'original. Car il n'y a pas d'original en architecture, même pas dans Notre-Dame. Ce qui est intéressant pour nous, c'est de travailler sur un projet de reconstruction critique. Et puis, c'était nécessaire, pas uniquement parce qu'il faut mettre le Grand Palais de nouveau aux normes, mais aussi parce qu'il y avait beaucoup d'espaces cachés, mal aimés, où il était même interdit d'y aller. Le Grand Palais est devenu, depuis le début, de plus en plus petit. Donc nous allons regagner de l'espace. Aujourd'hui, c'est la continuité de l'histoire, et c'est le début d'un nouvel avenir pour le Grand Palais. 

Pour aller plus loin : 

• En savoir plus sur La Ronde de Boris Charmatz, capté le 16 janvier et diffusé en mars sur France 5
• Et sur les expositions en cours au Grand Palais
• Découvrir le Grand Palais immersif
• Et le Grand Palais éphémère
• " Comment le directeur du Grand Palais invente le musée du futur", Les Echos,  6/11/2020

Le Choix musical de Chris Dercon :