Renaud Capuçon : "Nous avons le sentiment d’être pris dans un dialogue de sourd avec le gouvernement"

_M_ême en ce moment, Renaud Capuçon est un homme occupé. Le violoniste vient de sortir un disque consacré au compositeur Edward Elgar, et est également présent sur un disque d'oeuvres du compositeur contemporain suisse Michael Jarrell. Il y a quelques jours, Renaud Capuçon était en concert avec du public en Espagne, et dirige le Festival de Pâques, dont l'édition 100% numérique s'ouvrira le 27 mars prochain. 

_N_ous, artistes, avons l'impression de ne pas être entendus. Nous sommes pris dans une sorte de dialogue de sourds, même si je suis persuadé que notre ministre de la Culture le comprend (...) On ne peut pas simplement dire que l'on distribue de l'argent. Bien sûr que la France est un pays exceptionnel pour ça. J'ai beaucoup d'amis qui sont en Angleterre et qui sont dans un état de détresse qui n'a rien à voir avec nous. Mais, partant de cette exception culturelle, de cette idée que la culture est un des principaux atouts de la France, il y a quand même des choses qui pourraient être d'avantage soutenues. 

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Le disque "Elgar", paru chez Erato, a été enregistré en septembre dernier, avec le London Symphony Orchestra, dirigé par Simon Rattle. 

_J_e trouve qu'il y a beaucoup de noblesse, beaucoup de mélancolie et une grande tendresse dans les œuvres d'Elgar, notamment dans ce concerto, et également dans la sonate, qui est un peu plus courte. Dans ce concerto, vous avez aussi une masse orchestrale impressionnante. C'est une œuvre de 50 minutes, qui est à la fois un marathon et un voyage initiatique. Par ailleurs, j'aime cette idée, en plein Brexit, de proposer un disque 100% anglais avec des musiciens anglais, un pianiste anglais et un chef anglais.

Des œuvres du compositeur suisse contemporain Michael Jarrell sont rassemblées dans un second disque qui paraît chez BIS Records, enregistré avec l'Orchestre national des Pays de la Loire, dirigé par Pascal Rophé.

J'ai la chance d'avoir eu ce déclic de la musique d'aujourd'hui très tôt. Depuis mes vingt ans, je n'ai cessé de commander des œuvres de compositeurs, parce c'est la vie tout court. C'est comme ça qu'on apprend à mieux jouer Brahms, Schubert et Beethoven. Parce qu'on a cette liberté que nous donne la plupart du temps ces compositeurs, avec qui on peut travailler, à qui on peut poser des questions. Je rêverais de pouvoir poser des questions à Brahms ou à Bach, et il faut se contenter du texte. Là, on a cette possibilité.

Au lendemain des César, nous avons passé un rapide coup de téléphone au comédien Vincent Macaigne pour avoir son sentiment, alors que les théâtres continuent d'être occupés un peu partout en France. 

C'était une cérémonie particulière, car le milieu est en train de se précariser. Beaucoup de gens, issus du spectacle vivant, des danseurs, des techniciens, des guides de musées, plein de gens très différents qu'englobe l'intermittence, sont en train d'entrer dans une vraie précarité. Et pendant toute cette crise, le milieu n'a pas beaucoup parlé. Certains essayent donc de prendre les César comme une tribune : je trouve ça plutôt bien.  

Pour aller plus loin : 

• " Elgar" est paru chez Warner Classics
• Découvrir l' album consacré à Michael Jarrell, paru chez BIS Records
• Tout savoir sur le Festival de Pâques d'Aix-en-Provence, qui se tiendra à partir du 27 mars en 100% numérique
• Suivre l'actualité de Renaud Capuçon via son site Internet
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Le Choix musical de Renaud Capuçon :