Thierry Frémaux, délégué général et programmateur du Festival de Cannes, s'entretient avec Chloë Cambreling à l'occasion de l'alliance entre les festivals de Cannes et de Deauville. Ce sera également l'occasion de revenir sur la période troublée que vivent le cinéma et les salles.
- Thierry Frémaux Délégué général du Festival de Cannes, directeur de l'Institut Lumière de Lyon
Dix films de la sélection officielle du Festival de Cannes 2020 seront présentés au Festival du cinéma américain de Deauville du 4 au 13 septembre. Les diffusions qui auront lieu permettent de remettre le cinéma au devant de la scène dans un contexte troublé en raison de l'épidémie de la Covid-19, et alors qu'il fait face à des changements structurels.
Un été en demi-teinte
Thierry Frémaux revient d'abord sur la fréquentation des salles, "en berne" mais nuance : la baisse est nettement moindre dans les salles qui dépendent peu des blockbusters étatsuniens. Toutefois, ce sont ces-derniers qui font "venir du monde", et il faut attendre une meilleure gestion de l'épidémie par les Etats-Unis, ou des décisions comme celle de Warner, qui a décidé de sortir le prochain film de Christopher Nolan dans les pays dans lesquels c'est possible peu importe la situation aux Etats-Unis. Enfin, il faut surmonter la peur que peuvent ressentir les français, y compris "cinéphiles", à revenir dans les salles.
Mais la situation du cinéma français est aussi liée à des changements structurels qui se profilent. Si les salles ont été fermées entre mars et juin, les plateformes en lignes ont permis à chacun de continuer à regarder des films. Il est à craindre qu'elles fournissent l'alternative définitive au grand écran.
Je pense quand même qu'il faut étudier avec attention ce qu'il est en train de se passer et ce qu'il se passera à l'automne. Parce que oui, il y a peut-être des changements de comportements culturels, mais plus globalement sociaux. Thierry Frémaux.
Toutes ces évolutions nécessitent probablement un soutien aux salles provenant de l'Etat français, comme l'ont réclamé dans Libération distributeurs et gérants de cinéma. D'autant plus que, selon Thierry Frémaux, 2019 était l'une des "_meilleures années des trente dernières année_s" pour le cinéma, "tout à fait en pleine forme, coupé dans son élan".
Deauville entre Cannes et le public
Le festival de cinéma américain mettra cette année en valeur, exceptionnellement, des films français ou étrangers. Gérard Depardieu et André Dussollier dans Des hommes de Lucas Belvaux ou Ammonite, film britannique avec Kate Winslet, enrichiront entre autres la programmation 2020. Une manière d'assurer que les films qui sont sortis malgré tout bénéficient d'une mise en valeur qui n'est pas seulement virtuelle.
On s'était promis, avec Pierre Lescure, en livrant la sélection de l'année, qu'on allait accompagner ces films et qu'on allait faire en sorte de pouvoir les montrer le plus possible, de pouvoir les faire se rencontrer avec le public. Thierry Frémaux.
Quant au Festival de Cannes 2021, les films dont la sortie a été reportée ou dont le tournage a été interrompu à cause de l'épidémie devraient normalement pouvoir être diffusés. Cannes sera l’événement au cours duquel le retour à la normale "commencera", mais, dans le contexte actuel, il est "bien difficile d'avoir des certitudes".
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