Alors que les résultats du bac 2021 sont tombés la semaine dernière, le ministre de l’Éducation prévoit déjà une nouvelle réforme.
- Francis Métivier Docteur en philosophie
- Pierre Mathiot Professeur de sciences politiques à Sciences-Po Lille, responsable de la mission "Baccalauréat 2021 : Un nouveau baccalauréat pour construire le lycée des possibles"
Alors que les résultats du bac 2021 sont tombés la semaine dernière, le ministre de l’Éducation prévoit déjà une nouvelle réforme. Ses détracteurs voient dans la suppression des épreuves communes et le renforcement du contrôle continu le risque d’un « bac local » voire prophétisent « la fin du bac ». Qu’en est-il vraiment ? Quel est le devenir du baccalauréat et quelles prespectives envisager pour les nouveaux entrants dans les études supérieures ?
Avec Francis Métivier, professeur de philosophie en lycée et chargé de cours à l'Université de Tours, auteur de Kant à la plage (2020, Dunod) et Pierre Mathiot, Directeur de Sciences-Po Lille, responsable de la mission "Baccalauréat 2021 : Un nouveau baccalauréat pour construire le lycée des possibles" auprès du Ministère de l’Education Nationale.
Un baccalauréat à la croisée des chemins
Malgré des plans de réformes pour le baccalauréat 2021, la crise sanitaire a encore bousculé son organisation. La part de contrôle continu dans le résultat final, à hauteur de 40%, proviendra ainsi entièrement des bulletins scolaires et non d'évaluations continues nationales, tandis que les deux spécialités de terminale, ainsi que la philo, le français et le grand oral ne compteront que comme épreuves finales. C'est quoi, le bac, aujourd'hui?
Ce n'est plus, comme dit un syndicat du secondaire, un temps barrière. Ce n'est plus une série d'épreuves qui aurait vocation à empêcher ou à interdire l'accès à ce qui suit. Pierre Mathiot
Depuis cette année, ça n'est plus un moment de préparation et d'entraînement à des épreuves. Des concours que les étudiants vont de toute façon passer au niveau de leurs études supérieures. Francis Métivier
Un rapport utilitariste au bac?
Si, pour Pierre Mathiot, les bacs Covid n'ont pas été "donnés" aux élèves, certains aménagements auraient néanmoins provoqué des adaptations dans leur rapport à l'épreuve. C'est ce qu'affirmait Francis Métivier dans une tribune, publiée par Le Monde, sur les modalités d'évaluation en philosophie.
Avant l'annonce de Michel Blanquer, les élèves regardaient le professeur comme quelqu'un qui les préparait à une épreuve. À partir du moment où il y avait la possibilité d'avoir comme note la moyenne de l'année, une année où tout le monde a été très bienveillant, le regard de l'élève a changé, et on est devenu pour certains élèves des distributeurs de notes, comportement qui est allé jusqu'au marchandage." Francis Métivier
Alors que Pierre Mathiot se veut rassurant sur le retour d'une épreuve de philosophie à part entière, il défend la décision du gouvernement de ne pas maintenir un contrôle continu à évaluation nationale.
Il était apparu dès la première organisation de cela, en janvier 2020, que c'était d'une lourdeur extrêmement importante. [...] En fait, on avait inventé des espèces d'épreuves anticipées du bac, alors que l'un des objectifs de la réforme, c'était de simplifier et d'alléger. Pierre Mathiot
Le contrôle continu est très présent dans les évaluations de l'enseignement supérieur, je pense donc qu'il est bon que cela rentre en ligne de compte dans le bac. Pierre Mathiot
Les notes en question
Même sans évaluation nationale, il serait possible, selon Pierre Mathiot, de collégialiser l'évaluation de cet exercice, et d'en aligner les contenus par des banques nationales de sujets. Ce que redoute néanmoins Francis Métivier, c'est une pression accrue sur les professeurs pour accorder des notes élevées.
Ça donne un paradoxe où le pourcentage de réussite au bac augmente, avec 94%, alors qu'à mon avis le niveau a tendance à descendre. C'est le cas en philosophie. Francis Métivier
Il existait déjà dans le passé des mécanismes de pression, notamment dans les lycées dits bourgeois ou de centre ville, d'élèves ou de familles d'élèves qui, ayant une note dite médiocre faisaient pression sur le professeur. Pierre Mathiot
Face aux risques d'un "bac local", Pierre Mathiot relativise :
En réalité, on sait bien que même dans les lycées, les professeurs ne notent pas de la même manière que le lycée soit un lycée dit bourgeois ou un lycée dit catégorie populaire. Donc, j'espère que la réforme va permettre de remettre à plat tout cela et d'interroger véritablement la manière dont on note en déconnectant ça de l'enjeu du baccalauréat. Pierre Mathiot
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