Alors que le Sommet européen n'a toujours pas su trouver d'issue favorable au plan de relance post-Covid, l'Europe semble tout de même sur la voie d'une nouvelle raison d'être. Intégration et solidarité, interdépendance et puissance d'équilibre, quelles sont les positions à venir de l'Europe ?
- Justin Vaïsse historien, spécialiste des Etats-Unis. Ancien directeur du CAPS (Centre d'analyse, de prévision et de stratégie) du ministère des Affaires étrangères de 2013 à 2019. Fondateur et Directeur général du Forum de Paris sur la Paix.
C'est la première fois qu'ils se retrouvent physiquement depuis le début de la pandémie et c'est donc pour mieux se diviser. Trois jours et trois nuits de sommet européen à Bruxelles et toujours rien ce matin. Les discussions reprendront cet après midi. Enjeux le plan de relance de l'économie européenne 750 milliards d'euros reposant sur une mutualisation partielle des dettes. La discussion, le désaccord, porte notamment sur la répartition entre subventions des sommes que les Etats n'auraient pas à rembourser et prêts qui, par définition, alourdirait la dette publique de pays déjà en difficulté. Si Emmanuel Macron et Angela Merkel sont cette fois ci du même côté, ils ont face à eux ces pays dits "frugaux" : Pays-Bas, Autriche, Danemark, Suède, Finlande qui veulent des prêts plus que des dons et un droit de regard sur les réformes que s'engageront à mettre en œuvre les pays les plus en difficulté. C'est donc au minimum une certaine idée de la solidarité européenne qui se joue en ce moment. Certains parlent volontiers d'enjeu existentiel pour l'UE.
Retour sur les enjeux européens du moment avec Justin Vaïsse, historien, fondateur et directeur général du Forum de Paris sur la Paix :
Je pense qu'on est plus dans les péripéties d'une négociation. Il y a toujours eu de la théâtralité autour des sommets européens qui se sont en gros chacun conclus d'une bonne façon. Mais en réalité, je pense qu'il ne faut pas être excessivement inquiet parce que les intérêts finissent toujours par prévaloir.Or, il est dans l'intérêt de tous de trouver une solution, une bonne réponse, un bon équilibre entre les contraintes des uns et des autres. Et on a en effet, d'un côté des pays frugaux dont les dirigeants ne peuvent pas revenir devant leurs électeurs dans quelques mois ou quelques années en leur ayant donné l'impression qu'ils bradent l'argent de leur pays, des Pays-Bas, de l'Autriche, etc. Aux pays du Sud, en gros. Et d'un autre côté, il y a évidemment les pays du Sud, l'Italie et d'autres qui ont absolument besoin de cet argent, qui ont été les plus durement touchés et qui peuvent à bon droit prétendre à la solidarité européenne.
On a souvent dit que le moment où les Français et les Allemands se mettaient d'accord, l'Europe pouvait pouvait avancer parce que l'Allemagne et la France couvraient tout le spectre des opinions possibles et des options et des options possibles. Or, on voit bien que ce n'est plus le cas puisque Angela Merkel s'est rapprochée de la France, laissant une partie du spectre découvert. Et c'est à Merkel qu'il revient de l'incarner, en quelque sorte maintenant, c'est à dire celle d'une plus grande rigueur budgétaire et celle aussi d'une méfiance vis à vis d'une trop grande mise en commun. Je n'ose pas dire fédéralisation, ce n'est pas tout à fait ça, mais une grande mise en commun, en tout cas des ressources économiques.
Sur le moment international, et le rapport de la France au multilatéralisme :
L'enjeu, c'est de répondre à tous ces défis qui nous touchent au quotidien : les questions climatiques, les questions de cybersécurité et de migrations et qui ne sont pas passibles de solutions purement nationales. Ce n'est pas une politique qu'on peut faire seul. On ne peut pas régir l'internet depuis la France. On ne peut pas régler la question du climat depuis la France, etc. Et donc, l'idée, c'était à un moment, en 2018, où il apparaissait clairement que le multilatéralisme, cette capacité de coordination entre pays, était très affaiblie. Il s'agissait de faire quelque chose pour retrouver le chemin du multilatéralisme, donc par définition entre Etats, mais aussi l'élargir à d'autres acteurs. Parce que la réalité de la société internationale, c'est qu'il y a bien d'autres Etats.
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