

Paris et ses habitants auront été une éternelle source d’inspiration pour les photographes d’Eugène Atget à Bernard Plossu, en passant par Henri Cartier-Bresson dont l’exposition « Revoir Paris » rassemble une vie à photographier la capitale française au musée Carnavalet.
- Anne De Mondenard Historienne de la photographie, conservatrice, responsable du département photographies du Musée Carnavalet
- Bernard Plossu Photographe
Paris et ses habitants auront été une éternelle source d’inspiration pour les photographes d’Eugène Atget à Bernard Plossu, en passant par Henri Cartier-Bresson.
Ce dernier fait l'objet d’une exposition au musée Carnavalet, « Revoir Paris » rassemblant l’ensemble des photographies qu’il a prises dans la ville lumière tout au long de sa vie. Un « miroir inversé de sa carrière internationale » pour présenter le lieu où son œuvre commence et se termine, sans jamais s’arrêter.
Dans Paris, Henri Cartier-Bresson s’intéresse avant tout au Parisiens, ceux de la rue de Rivoli, où il passe une partie de sa vie, et ceux des marges : les ouvriers, les mendiants, les personnes âgées et les enfants.
Des modèles que l’on retrouve dans les photos de Bernard Plossu, qui pourtant s’ouvre au nature morte. Lui aussi a capturé les rues de la capitale tout au long de sa vie. Des images qu’il a rassemblées dans l’ouvrage Plossu Paris (édition MarVal - RueVisconti, 2018) dans lequel il présente « son » Paris, celui qu’il découvre chaque jour en bus.
Accompagné par la commissaire de l’exposition « Revoir Paris » au musée Carnavalet, Anne de Mondenard, le photographe Bernard Plossu nous raconte la difficulté de trouver un œil nouveau pour capturer le quotidien. Un défi qu’Henri Cartier-Bresson relevait chaque jour, d’un jeu de pied et de hasard.
Anne de Mondenard : conservatrice et commissaire de l’Exposition Cartier-Bresson “Revoir Paris” au musée Carnavalet (du 15 juin au 31 octobre 2021 au musée Carnavalet).
Bernard Plossu : photographe, auteur notamment de “Plossu Paris” (2018, éditions MarVal - Rue Visconti).
Henri Cartier-Bresson, "l'œil caméra"
Dans les photos de l'exposition du musée Carnavalet on découvre la Seine dans un brouillard impressionniste, un homme qui saute au-dessus de son reflet dans l'eau, des portraits de personnalités, des photos d'actualité, de la Libération à mai 68 en passant par les premiers congés payés... Qu'est ce qui fait de Henri Cartier-Bresson l'un des plus grands photographes du XXe siècle ?
Il a su composer des images sur le vif. Il est à la fois nourri de l’enseignement d’André Lhote, un peintre cubiste pour lequel il a travaillé et avec qui il a développé son goût pour la géométrie. Il a fréquenté les surréalistes et donnait une grande importance aux rencontres et au hasard. Il faut imager quelqu’un qui a tout le temps son appareil photo au poing, qui se déplace dans la rue avec un jeu de jambes miraculeux pour se hisser, se baisser, pour chercher le meilleur angle de prise de vue. Il avait l’habitude de dire qu’il aimait que "le gibier tombe juste". Il a la faculté d’être là sans se faire voir. Pour les portraits, il réalisait les photos sans que la personne ne s’en aperçoive. Anne de Mondenard
Ce qui me fascine chez Henri Cartier-Bresson c’est l’éternel retour. C’est un grand voyageur et Paris exerce sur lui l'effet d'un aimant. En regardant les photos de Henri Cartier-Bresson il y en a une qui me touche particulièrement, un homme avec un chapeau, penché qui regarde la Seine, à côté d’un bouquiniste fermé. Ça a l’air de rien, c’est très simple et c’est là toute la grandeur de la photographie. On sent qu’il aime Paris, il y a un truc, un flair. Bernard Plossu
C’est vrai que c'est une image pleine de poésie. Dans l’exposition, on voit son attirance pour les quais de Seine où il ne cesse de revenir, même au-delà de Paris, avec les photos qui illustrent les congés payés. Anne de Mondenard
L'art du portrait
Au début de sa carrière, dans les années 1930, Henri Cartier-Bresson prenait ses proches en photos mais aussi des inconnus dans la rue. Les portraits de ces derniers affichent souvent un regard complice. Les portraits de personnalités plus connues ont été réalisées sur commande à partir des années 1950.
Elles ont la particularité de donner l'impression d’avoir été prises par hasard dans une rencontre dans la rue. Souvent Henri Cartier-Bresson prenait la photo dès son arrivée sans même que la personne ne s'en rende compte. Anne de Mondenard
Bernard Plossu a lui aussi pris des photos de personnalités, dont Isabelle Huppert qui signe les textes de son livre "Plossu Paris". Il nous donne ses secrets.
Il ne faut surtout pas penser que c’est une personnalité, mais faire comme si on photographiait quelqu’un d’autre, ne pas tomber dans le culte de la personnalité. Bernard Plossu
Objectif Paris
Pour donner l'impression d'un point de vue humain, Henri Cartier-Bresson utilisait un objectif 50 mm, dont Bernard Plossu est aussi adepte pour son argentique.
Henri Cartier-Bresson a une forme de sobriété de l’objectif grâce au 50mm : aucun excès, aucun grand angle, aucune déformation, juste la personne telle qu’elle est. On peut même faire un très beau portrait de quelqu’un de loin. Bernard Plossu
Quand on lui posait la question de l’objectif, il répondait très peu. Il n’aimait pas s’étendre sur les aspects techniques. Il est important de dire que c’est quelqu’un qui évite les effets de lumière, qu’il a une manière de photographier très sobre mais avec des effets de contrastes forts et qui sont compliqués à obtenir. Anne de Mondenard
Pour rendre cet effet de contraste fort et de lumière Henri Cartier-Bresson a toujours privilégié les photos en noir et blanc. Pour Bernard Plossu, c'est aussi les couleurs idéales pour révéler Paris.
Paris est une ville en gris, le pire en photo est de fausser un ciel pour lui donner un effet dramatique. J’ai totalement souscrit au gris de Paris. C’est la ville Lumière pour des raisons historiques et architecturales mais Paris n’est jamais aussi belle que lorsqu’il fait mauvais. J’ai l’habitude de dire que le beau temps des photographes, c’est le mauvais temps. Bernard Plossu
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