La guerre en Ukraine avec Françoise Daucé, Inna Shevchenko et Igor Minaev

Un soldat ukrainien près de Kiev le samedi 26 février
Un soldat ukrainien près de Kiev le samedi 26 février ©AFP - DANIEL LEAL
Un soldat ukrainien près de Kiev le samedi 26 février ©AFP - DANIEL LEAL
Un soldat ukrainien près de Kiev le samedi 26 février ©AFP - DANIEL LEAL
Publicité

Guerre en Ukraine : Poutine est-il incontrôlable ? L'analyse de la directrice d'études de l'EHESS, directrice du Centre d'études des mondes russe, caucasien et centre-européen, Françoise Daucé.

Avec
  • Françoise Daucé Directrice de recherche à l’EHESS, directrice du Centre d'études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC)
  • Inna Shevchenko activiste féministe, membre des Femen

Le président de la Fédération de Russie est apparu deux fois cette semaine, lundi et dans la nuit de mercredi à jeudi, dans des mises en scène du pouvoir particulièrement orchestrées, d’abord pour reconnaître les deux républiques autoproclamées séparatistes du Donbass, puis pour annoncer le début de son « opération militaire spéciale » en Ukraine. Déjà la semaine dernière, on avait beaucoup commenté la rencontre entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron autour d’une table démesurément longue, dans une ambiance glaciale : la mise en scène de ces dernières semaines est-elle cohérente avec le projet ou le message politique qu’essaye de faire passer le chef du Kremlin ? Cette offensive était-elle préméditée depuis longtemps, et ce rapport très fort à l’Histoire a-t-il été négligé par les Occidentaux ? De quel soutien bénéficie-t-il dans la population aujourd’hui ? Enfin, cette attaque est-elle la marque d’un Etat fort ou le signe d’une vulnérabilité ?  Autant de questions que nous posons ce matin à la sociologue du politique Françoise Daucé.

"Ce qu'on a pu entendre dans les discours de Poutine, c'est un immense ressentiment vis-à-vis de la communauté internationale, qu'il semble nourrir depuis le début des années 90. Ces années ont été vécues comme une période de libéralisation et de démocratisation, mais qui a été vécue par une partie de la population russe comme une humiliation économique et politique. Ce que montre Vladimir Poutine, c'est ce ressentiment fondé sur cette humiliation et la volonté de sa part de renforcer le statut de la Russie de grande puissance", analyse la directrice de recherche à l'EHESS Françoise Daucé.

Publicité

De nombreux commentateurs, et Emmanuel Macron avec eux, parlent de Vladimir Poutine comme une personnalité "paranoïaque". Une approche psychologisante vis-à-vis de laquelle Françoise Daucé se dit plutôt réticente. "Je ne pense pas non plus à un plan machiavélique et cohérent sur 20 ans. Il s'agit plutôt d'une série de décisions qui progressivement ont permis d'arriver à ce qu'il se produit aujourd'hui. Je parlerais d'un ensemble d'emprises sur à la fois la vie politique, la société civile et les grandes entreprises du pays qui ont tissé une toile permettant l'exercice d'un pouvoir extrêmement autoritaire et centralisé", explique-t-elle.

Le témoignage de la militante féministe Inna Shevchenko

Inna Shevchenko, militante féministe, fondatrice du mouvement Femen, témoigne : "Les gens n'arrivent pas à croire que tout à coup, leur vie s'est transformée comme ça en terreur". "Cette nation, avec sa longue histoire, sa culture, sa langue, malgré ce que Poutine prétend, était sur la voie de l'émancipation, avec le fort désir de montrer leur aspiration pro-européenne, pro-démocratique. L'existence même de ce pays est remis en question aujourd'hui par Poutine et la volonté des ukrainiens de choisir leur propre destin se retrouve aujourd'hui ni par un fanatique", affirme la figure de proue du mouvement Femen.

Pour aller plus loin :

L'équipe