Philippe Simay : "Il y a d'autres manières d'habiter le monde que la nôtre"

Le philosophe Philippe Simay.
Le philosophe Philippe Simay. - David Perrier
Le philosophe Philippe Simay. - David Perrier
Le philosophe Philippe Simay. - David Perrier
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Alors que le Prix Pritzker a été dévoilé cette semaine, le philosophe spécialiste d’architecture Philippe Simay vient nous parler de son « écologie urbaine du sensible" et de son illustration à La Ferme du rail (Actes Sud).

Maître de conférence en philosophie à l'école d'architecture de Paris-Belleville, Philippe Simay est aussi un grand voyageur, qui regarde comment ailleurs, on construit et on "habite le monde", du nom de la série pour Arte qu'il a présentée durant deux saisons. " J'essaye de montrer qu'il y a d'autres manière d'habiter que la nôtre. Il y a un pluralisme qu'il faut défendre, dans un monde où les formes bâties, les modes de vie, tendent à s'homogénéiser. Pour certaines sociétés, habiter, c'est se rapporter à un paysage par exemple, ce qui n'a rien à voir avec juste l'habitat en dur. Cela peut être un lien au paysage, un lien au territoire,  aux autres êtres vivants, aux matériaux, aux ancêtres. Il y a une grande diversité de façons d'être présent au monde", explique Philippe Simay.

"Je crois que l'architecture traverse une crise très profonde, parce que pendant longtemps, on a séparé la question du progrès, du bien-être social, des enjeux écologiques, de la manière dont on construit. C'est-à-dire que l'on construit majoritairement avec des matériaux en acier, en béton, et tout cela repose sur une consommation massive des matières premières, qui implique des processus d'extraction et d'exploitation. Si chacun d'entre nous regarde les matériaux qui constituent sa maison et en trace l'origine, on arrive très souvent à des terres éventrées, des sols polluées des populations exploitées", poursuit-il.

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Aujourd'hui, Philippe Simay co-signe avec Clara Simay "La Ferme du rail. L’aventure de la première ferme urbaine à Paris" : l'illustration parfait d'une autre manière de construire et de concevoir l'habitat.  "Cette ferme a pour spécificité d'héberger et de faire travailler des personnes  en situation de grande précarité. Il y a quinze personnes, plus cinq étudiants de l'école d'horticulture de la ville de Paris et d'architecture qui travaillent ensemble, autour du maraîchage urbain, autour du compost et de services qui sont rendus dans le quartier. Et il y a un restaurant, qui est ouvert au public.  (...) Ce que je trouve génial, c'est que des individus mettent ici en commun leur puissance d'agir, ils sont ainsi capables de porter un projet qui est un projet politique, social et environnemental" raconte le philosophe pour qui réside dans ce projet "une idée d'exemplarité, pour montrer que l'on peut faire des projets autrement".

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