Ce matin nous parlons de l'abstentionnisme et de la manière dont il se répercute sur les votes à droite et à gauche, avec Vincent Tiberj et Stéphanie Roza.
- Vincent Tiberj Sociologue, professeur d’université à Sciences Po Bordeaux
- Stéphanie Roza Chargée de recherches au CNRS, spécialiste des Lumières et de la Révolution française.
Alors que l’officialisation de la candidature de Christiane Taubira ne provoque pas le rassemblement attendu, la gauche peine toujours à imposer ses thèmes dans le débat politique. Pour autant, le manque de popularité de la gauche telle qu’il est affiché dans les sondages, ne traduirait pas une droitisation des électeurs selon Vincent Tiberj. Le sociologue et professeur à l’université de Sciences Po Bordeaux insiste au contraire sur le poids de l’abstentionnisme qui joue en faveur de la droite.
Pour comprendre les enjeux de la participation électorale dans la montée de la droite et le manque de soutien à gauche, Vincent Tiberj est rejoint par Stéphanie Roza, chargée de recherche au CNRS en philosophie politique, co-directrice de « Histoire globale des socialismes - XIXe - XXIe siècle » (PUF, 2021).
2022, l'année du désintérêt ?
Vincent Tiberj rappelle que les précédentes élections ont largement mobilisé, que ce soit en 2017, en 2012 ou en 2007. Lors de ces élections, ce n'était pas tant la popularité des candidats qui poussait les électeurs aux urnes, que la conscience que l'avenir du pays s'y jouait.
En 2022, les élections donnent l'impression de moins mobiliser. Notamment du côté gauche de l’électorat. Il y a des indicateurs qui laissent penser que l'intérêt pour cette campagne est faible. On pourrait peut-être se diriger vers une présidentielle qui bat un record d’abstention. Vincent Tiberj
Parmi les explications, on peut aussi citer les sondages publiés il y a quelques mois qui laissaient penser que le match était déjà joué, entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
On a déjà eu ce genre de situation, mais il y a un problème plus général en lien à l'offre politique qui laisse une certaine insatisfaction. On est dans un système qui a tendance à maintenir les mêmes au pouvoir : Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen en sont à leur troisième campagne. Vincent Tiberj
La gauche en crise
Si Arnaud Montebourg pourrait annoncer son retrait de la campagne, il reste un certain nombre de candidats à gauche. Pourtant, l’impression que l’offre politique ne satisfait pas complètement les électeurs de gauche persiste, comme une crise de la gauche.
Il y a une crise de la gauche et du projet socialiste. C’est une crise qui s'est ouverte dans les années 1980-1990 avec d'une part l’effondrement du bloc soviétique et puis l’arrivée dans plusieurs pays de gouvernements sociaux-démocrates. Finalement, l’électorat de gauche n'a pas été convaincu ou content de cette expérience et aujourd’hui il cherche un contre projet à la société capitaliste. Stéphanie Roza
Il y a eu de profondes mutations ces quarante dernières années, à commencer par la structure de la société. La classe ouvrière traditionnelle existe beaucoup moins, ou en tout cas pas comme on l'a connue. C’est un défi pour la gauche. S'adresser aux classes populaires aujourd’hui ça ne peut plus se faire par les mêmes canaux et les mêmes moyens qu’avant. L'autre défi est celui de l’urgence climatique pour lequel il faut rester audible. Les catégories populaires ne voient pas le problème de la même manière que les catégories plus aisées. Stéphanie Roza
L'équipe
- Production
- Production déléguée
- Stagiaire
- Stagiaire
- Collaboration
- Collaboration
- Collaboration
- Réalisation