Brexit, campagne de vaccination, crise économique : Michel Barnier est l’invité des Matins

Michel Barnier à la Commission européenne
Michel Barnier à la Commission européenne ©AFP
Michel Barnier à la Commission européenne ©AFP
Michel Barnier à la Commission européenne ©AFP
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Quelques semaines après l’entrée en vigueur du Brexit, quelles conclusions tirer des années de négociations avec le Royaume-Uni ? Et quelles perspectives pour l’avenir des européens ?

Avec
  • Michel Barnier plusieurs fois ministre, notamment des Affaires étrangères, ancien député, sénateur, ex-négociateur du Brexit, membre du conseil stratégique du parti LR

Des demandes de dernière minute adressées par les Britanniques aux ultimes arbitrages rendus par la Commission européenne, les négociations pour l’accord sur le Brexit auront été longues, éprouvantes et imprévisibles.

Le deal arraché dans la dernière ligne droite doit beaucoup, dit-on, à ce français qui est aussi un européiste convaincu. Nous recevons Michel Barnier, négociateur en chef auprès de l’UE sur ce dossier hautement sensible. Il est avec nous ce matin pour revenir sur ce moment inédit du projet européen. 

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Mentir pour détruire l'Europe

Le Brexit montre que l'Europe n'est pas une prison. On peut en sortir, mais quand on en sort, [...] on assume ses responsabilités devant les citoyens. C'est ça qui n'a pas toujours été fait au Royaume-Uni. Ceux qui ont prôné le Brexit n'ont pas toujours dit la vérité. Certains d'entre eux, en tout cas, avaient une idée que j'ai combattue tout au long de ces quatre ans et demi, c'est de vouloir détruire l'Europe.  

J'ai un jour reçu M. Farage (le leader du parti europhobe UKIP) et à la fin de notre entretien, je lui ai  demandé comment il voyait la future relation entre l'Union européenne et le Royaume-Uni? Il m'a dit en anglais, après le Brexit, l'Union européenne n'existera plus. Ils veulent nous détruire.  

Tirer les leçons du Brexit sur la colère sociale

La leçon [du Brexit], c'est qu'un certain nombre de démagogues, de nostalgiques, d'hommes politiques, qui ont des idées différentes, utilisent la colère sociale. Il y avait beaucoup de colère sociale dans certaines régions britanniques où l'industrie a disparu, ce qui a créé le sentiment d'isolement et d'abandon. C'est sans doute trop tard pour le Royaume-Uni, les choses sont faites, malheureusement, mais ce n'est pas trop tard chez nous. Il y a la même colère sociale dans beaucoup de régions de France, de Belgique, des Pays-Bas et d'ailleurs. L'Europe ne protège pas ce sentiment. 

Il ne faut pas confondre le populisme avec le sentiment populaire. Il faut écouter le sentiment populaire, il faut l'écouter, le prendre en compte et lui répondre par de nouvelles politiques européennes, nationales ou régionales.