Calendrier, territorialisation, vaccination : la nouvelle stratégie sanitaire. Avec Alain Fischer

Paris, 15 mars 2021.
Paris, 15 mars 2021. ©AFP - BERTRAND GUAY
Paris, 15 mars 2021. ©AFP - BERTRAND GUAY
Paris, 15 mars 2021. ©AFP - BERTRAND GUAY
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Emmanuel Macron a dévoilé dans une interview à la presse régionale le mercredi 28 avril son plan de « déconfinement » en quatre étapes, suscitant des réactions très partagées. Retour au monde d’avant ou promesse politique intenable ?

Avec
  • Alain Fischer Médecin, professeur d'immunologie et Président du comité d'orientation de la "Concertation citoyenne sur les vaccinations"

Alors que la situation sanitaire en France continue à inquiéter avec plus de 5000 patients en réanimation, le président Emmanuel Macron a annoncé un « calendrier de déconfinement » à la presse régionale mercredi dernier. Si le plan de sortie de crise du gouvernement se veut progressif, nombreuses sont les voix qui se sont élevées pour dénoncer un assouplissement prématuré. 

Cette stratégie de déconfinement peut-t-elle fonctionner à l’échelle nationale ? Quelles sont les conditions de réussite du plan annoncé par le chef de l’État ? Pour en parler, nous recevons ce matin Alain Fischer, médecin, professeur d’immunologie et Président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale.

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L'accélération et l'élargissement de la campagne de vaccination

Alain Fischer se réjouit de l'accélération progressive de la vaccination et prévoit que toutes les personnes de plus de 50 ans seront bientôt vaccinées. À Bastia, la vaccination est désormais ouverte à l'ensemble de la population alors que 83% des plus de 55 ans sont vaccinés. 

L’initiative de Bastia me paraît un peu prématurée, je pense qu’il est mieux de patienter en faveur des personnes âgées et fragiles. Il est vrai que la Corse est en tête de la vaccination mais pas avec un écart énorme avec le continent. Néanmoins il reste des personnes âgées de plus de 80 ans, ou de plus de 60 ans fragiles, et ce sont elles qui doivent être vaccinées aujourd’hui, avant de vacciner les jeunes en bonne santé. 

Il rappelle qu'hier en France, 600 000 doses ont été administrées et ce nombre va augmenter chaque jour. Le principal facteur de ralentissement est le retard de livraison des vaccins Astra Zeneca mais aussi son rejet : 30% des doses d’Astra Zeneca n’ont pas été administrées.

L’esprit c’est l’élargissement et l’accélération. Le nombre de doses disponibles augmente, on va pouvoir les utiliser à flux tendu. La dernière étape d’ouverture vient d’être franchie pour toutes les personnes fragiles, soit 4 millions de personnes, et l’élargissement passe aussi par la multiplication des structures proposant la vaccination. 

Les scientifiques plus proches du pouvoir ?

Pour Alain Fischer, la crise aura créé un précédent en donnant une place à la science dans la sphère politique. Pour autant, selon lui, chacun doit garder son rôle : le scientifique conseille et l’homme politique décide.

En France, si on compare au monde anglo-saxon, il y avait jusqu’à présent très peu de scientifiques experts auprès des grandes instances politiques. Par exemple, Obama avait tous les vendredi après-midi des scientifiques qui venaient lui faire un point sur les avancées. Je salue les évolutions actuelles espérant qu’elles créeront un précédent. 

Nous avons des réunions régulières avec le Président, les ministres et les personnes qui dirigent les agences de santé qui jouent aussi un rôle important. Je ne dirai pas qu’il existe des tensions, contrairement à ce que peuvent dire les médias qui interprètent notre avis et observent que les décideurs font le choix inverse. C’est normal, sinon les scientifiques gouverneraient ce qui serait antidémocratique et présenterait un risque de dérive.

La vaccination des enfants : une question ouverte

Aujourd'hui 20% à 22% des adultes sont vaccinés et 10% ont reçu leur deuxième dose. L'objectif selon Alain Fischer, est d'arriver à vacciner 75% de la population cet été, mais ce chiffre prend aussi en compte les enfants. Chez les 12-15  ans le vaccin est parfaitement efficace.  

On peut envisager la vaccination des enfants en vue de l’immunité collective, mais elle reste à discuter pour des questions d’éthiques et de libre arbitre des enfants. Le Comité National d’Éthique a été saisi sur cette question, ce qui me paraît très bien. La vaccination peut aussi prévenir des infections graves voire très graves qu’on a pu constater sur des enfants. Ça va dépendre surtout de l’adhésion et de la compréhension, en particulier des plus jeunes, de l’intérêt de la vaccination pour retrouver une vie normale. 

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