
Alors que les conditions d’élevage et d’abattage des animaux sensibilisent de plus en plus de français, comment penser notre rapport au vivant ?
Alain Finkielkraut (Philosophe, académicien, et producteur de l'émission "Répliques" sur France Culture).
Après la démission de Nicolas Hulot, l’Elysée annonçait hier son remplacement au poste de ministre de la Transition écologique par François de Rugy. L’ancien président de l’Assemblée nationale hérite d’un ministère dont la portée d’action est mise en doute. Parmi les échecs observés ces derniers mois, on trouve le renoncement à plusieurs mesures en faveur du bien-être animal au cours du vote de la loi Agriculture et alimentation en juin 2018.
Nous accueillons Alain Finkielkraut, philosophe, membre de l’Académie française et producteur de l’émission “Répliques” sur France Culture. Il a dirigé Des animaux et des hommes, ouvrage dans lequel on retrouve des transcriptions d’entretiens consacrées à la condition animale à l'ère industrielle, entretiens réalisés au cours de l'émission Répliques.
Je ne crois pas qu’il faille faire table rase de toutes les traditions au nom des nouvelles sensibilités. Je suis favorable à un compromis entre chasseurs et écologistes..
Les écologistes ont une prédilection pour les animaux sauvages comme le loup ou l’ours… et un mépris pour les animaux d’élevage : ce n’est pas leur problème.
Les problèmes que posent la cause animale
Certains partisans de la cause animale ne mesurent pas la gravité du problème, ils veulent libérer l’animal sans faire de distinction entre élevage industriel et élevage fermier.
Ne pas rompre le rapport de collaboration entre vaches et hommes
Si le rapport de collaboration entre les vaches et les hommes est rompu, il n’y aura plus de vaches. On peut libérer les hommes d’une condition d’oppression ou d’asservissement mais plaquer ce schéma sur les animaux de rente, c’est préconiser en guise de libération la disparition de ces espèces qui ne subsisteront que dans quelques parcs à thème, dans des zoos pour les enfants
Je suis très hostile à l’antispécisme. Peter Singer parle d’une responsabilité morale envers les animaux. Mais les animaux n’ont aucune responsabilité envers les hommes. Le lion n’aura jamais une responsabilité envers l’antilope.
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