Confinement : une opportunité pour la biodiversité ?

Les canrds déambulent sur le parvis de la Comédie Française à Paris
Les canrds déambulent sur le parvis de la Comédie Française à Paris  ©AFP - Hassan AYADI
Les canrds déambulent sur le parvis de la Comédie Française à Paris ©AFP - Hassan AYADI
Les canrds déambulent sur le parvis de la Comédie Française à Paris ©AFP - Hassan AYADI
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Les oiseaux chantent, les dauphins nagent à Marseille et les canards déambulent dans les rues de Paris. Si les bonnes nouvelles environnementales s'accumulent, peut-on espérer qu'elles perdurent une fois le confinement terminé ? Gilles Boeuf est l'invité des Matins pour nous éclairer sur ce sujet.

Avec
  • Gilles Bœuf Biologiste, professeur à Sorbonne Université, président du Centre d’études et d’expertise en biomimétisme (CEEBIOS) et professeur invité au Collège de France.

Baisse des émissions de CO2, réappropriation par les animaux de leur environnement, ou encore réduction drastique des déchets... Le confinement de l’homme apparaît comme une source de répit pour la biodiversité. Et si cette période était un moment de bascule pour l’humanité, une opportunité à saisir pour repenser notre rapport au vivant ? Comment relever  les défis que nous pose cette crise ?

Pour en parler, Gilles Bœuf, professeur à Sorbonne Université, professeur invité  au Collège de France et ancien président du Muséum National d’Histoire Naturel est l'invité des Matins.

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La chauve-souris, illustration d'un virus amené par nos modes de consommation 

Toutes ces chauves-souris sont porteuses du virus parce qu'on les maltraite et qu'on maltraite la biodiversité; cela mène à un passage du virus de l'animal à l'humain, ce qu'on appelle une zoonose. Gilles Bœuf

"L'humain, depuis qu'il existe, se contamine d'animaux. Au départ, le pathogène d'un virus est chez l'animal. (...) Ce sont nos comportements de consommation et de promiscuité dans des conditions qui ne sont pas celles qu'elles devraient être, qui nous amènent à ces situations de pandémie. Quand on dit qu'on ne savait pas, c'est faux. J'ai retrouvé un document du Comité National Consultatif d'Ethique de 2009 dans lequel on évoque ce qui se passe en ce moment. Dominique Bourg le dit : cette pandémie est terrible, mais la prochaine sera pire."

"Les chauves-souris sont mal connues, d'abord parce qu'on connaît mal leurs fossiles, et qu'il y a beaucoup d'espèces. (...) Elles se sont répandues partout, beaucoup dans les zones tropicales. Elles sont insectivores, elles ont un rôle très important dans la lignée biologique, en aide à l'agriculture en dévorant un tas d'insectes qui font des ravages dans les productions agricoles; les très grandes  (les roussettes) sont frugivores. Ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'on amenuise leur territoire : on a détruit des centaines de millions d'hectares de forêts entre 1980 et aujourd'hui, donc elles se retrouvent à l'extérieur."

La Méthode scientifique
58 min

Irrespect du vivant et remise en cause de nos comportements

Nous sommes en guerre contre nos comportements : premièrement, l'irrespect du vivant non-humain; deuxièmement, la mondialisation qui fait qu'un phénomène qui a eu lieu quelque part en Chine, au bout de quelques mois, fait le tour du monde et menace nos économies. Gilles Bœuf

"On met en promiscuité des animaux qui ne se seraient jamais rencontrés sans les comportements humains. On l'a vu par exemple avec le virus du Nipah qui est passé par le porc, en 1998 en Malaisie, également le H1N1 et la grippe espagnole."

"Si on détruit tout, il n’y aura pas de résilience possible. Il faut que l’on accepte de changer."

Tout ce qui arrive est lié à trois défauts de l’être humain : l’imprévoyance, l’arrogance et la cupidité. Gilles Bœuf

Vous pouvez (ré)écouter l'interview en intégralité en cliquant sur le player en haut à gauche de cette page.

11 min

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