Désengagements américains : vers une géopolitique du chacun pour soi ?

Donald Trump
Donald Trump ©AFP - SAUL LOEB
Donald Trump ©AFP - SAUL LOEB
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Après l'annonce du retrait des troupes américaines de Syrie par un Donald Trump habitué aux désengagements, quelles seront les conséquences de ce nouvel ordre mondial où les grandes puissances tournent le dos aux alliances traditionnelles ?

Avec
  • Pierre Grosser Historien, spécialiste des relations internationales, membre du Centre d’histoire de Sciences Po.
  • Caroline Galactéros Géopolitologue, présidente du think tank GEOPRAGMA - Pôle français de géopolitique réaliste

Pour Jim Mattis, secrétaire de la défense démissionnaire des États-Unis, « il faut traiter les alliés avec respect ». Cette formule présente dans sa lettre de démission, qui survient conséquemment au retrait des troupes américaines de Syrie par Trump, résonne comme la devise d’un ancien monde. L’indifférence de Trump pour les vieux systèmes d’alliances renverse les équilibres d’un ordre international qui reposait beaucoup sur les Etats-Unis. 

Depuis son arrivée au pouvoir, la cascade de désengagements dans différents domaines semble sans fin : sortie de l’Accord de Paris, de l’accord sur le nucléaire iranien, altération d’accords commerciaux, fin du traité sur les armes nucléaires (FNI) existant depuis 1987… Le retrait des troupes américaines en Syrie et le futur désengagement partiel en Afghanistan sont l’acmé d’une géopolitique américaine obsédée par la souveraineté nationale. L’Amérique autrefois garante d’un ordre international et veillant sur la stabilité du monde ne veut désormais plus endosser le rôle de grand frère ou de gendarme planétaire, un statut de régulateur international hérité d’un monde bipolaire post-URSS. Dans un contexte dorénavant multipolaire, cette politique du chacun pour soi tourne le dos à une logique de coopération pour lui préférer le rapport de force entre nations se disputant le leadership mondial. Dès lors, quelles sont les conséquences de la litanie des désengagements américains, à commencer par le départ de Syrie ?

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Une fois les Américains partis de Syrie, que va-t-il se jouer concrètement sur le terrain en Syrie, notamment pour les Kurdes face à Erdogan ? Parmi les puissances qui y ont des intérêts directement ou par procuration, Russie, Iran, Israël et membres de la coalition internationale abandonnés, qui y gagne et qui y perd ? L’État islamique a-t-il été terrassé comme Trump l’affirme ? 

Quelle est la place de l’Europe dans un monde multipolaire où sa dépendance envers les États-Unis se révèle de moins en moins tenable ? Face à cette reconfiguration, où en est le projet d’une défense européenne ? 

Pour répondre à ces questions, nous recevons Pierre Grosser, historien des relations internationales et spécialiste de géopolitique contemporaine, enseignant à Sciences Po Paris. 

Il sera rejoint en deuxième partie d’émission par Caroline Galactéros, docteure en sciences politiques, colonel au sein de la réserve opérationnelle des Armées, dirigeante de la société de conseil et de formation en intelligence stratégique Planeting et du le think tank Geopragma.  

Pierre Grosser : Les Américains se retirent de Syrie, mais ce n’est pas un retrait  américain du Moyen Orient. Mais la question se pose depuis quelques années de réduire les effectifs au Moyen-Orient pour pouvoir faire face au principal défi de l'Amérique : La Chine.      
 

Caroline Galactéros : Nous sommes arrivés à un niveau de murissement de la situation militaire en Syrie, qui pourrait aboutir à un processus politique. Ce retrait américain est peut être une bonne nouvelle pour le peuple Syrie. 

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