Deux ans après son investiture : Donald Trump au pied du mur ?

Donald Trump fait une annonce sur l'immigration et le mur qu'il a l'intention de faire construire, à la Maison Blanche, le 19 janvier 2018
Donald Trump fait une annonce sur l'immigration et le mur qu'il a l'intention de faire construire, à la Maison Blanche, le 19 janvier 2018  ©AFP - Brendan Smialowski / AFP
Donald Trump fait une annonce sur l'immigration et le mur qu'il a l'intention de faire construire, à la Maison Blanche, le 19 janvier 2018 ©AFP - Brendan Smialowski / AFP
Donald Trump fait une annonce sur l'immigration et le mur qu'il a l'intention de faire construire, à la Maison Blanche, le 19 janvier 2018 ©AFP - Brendan Smialowski / AFP
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Les Etats-Unis connaissent depuis le 22 décembre 2018 le plus long "shutdown" de leur histoire, du fait du bras de fer qui oppose le président Donald Trump au parti démocrate sur le budget de l’État fédéral.

Avec
  • Romain Huret Historien, spécialiste des États-Unis
  • Laurence Nardon Responsable du programme Amérique du Nord de l’Ifri, productrice du podcast hebdomadaire "New Deal" sur Slate

Ce blocage de l'administration provient du refus des démocrates de financer la construction du mur anti-migrants souhaité par Donald Trump à la frontière avec le Mexique. 

Pour sortir de l’impasse, Donald Trump a proposé samedi dernier d’offrir des extensions de permis de séjour à environ un million de migrants risquant d’être expulsés du pays, en échange du financement par le Congrès de son mur à la frontière avec le Mexique. Proposition refusée par les démocrates… 

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Pour mieux comprendre ce qui se joue dans cette situation américaine inédite, nous recevons Romain Huret, Historien des Etats-Unis, directeur d'études à l'EHESS, vice-président de l'EHESS en charge de la recherche. Il est notamment l’auteur de : La fin de la pauvreté ? Les experts sociaux et la Guerre contre la pauvreté aux Etats-Unis (1945 - 1974), (Editions de l’EHESS, 2008). 

Nous recevons également Laurence Nardon, responsable du programme Amérique du nord de l’Ifri. Elle est auteur de Les Etats-Unis de Trump en 100 questions, (Editions Tallandier, 2018). 

La question sociale :

« Les Démocrates ont compris qu’ils avaient commis une erreur historique en 2016, en négligeant une souffrance… L’Amérique de l’intérieur était oubliée…. Un agenda social leur a manqué : ils ont manqué la crise des opiacés, de l’assurance maladie, des thèmes extrêmement sensibles pour une Amérique en souffrance et ils n’ont pas arrêté de montrer une Amérique conquérante » Romain Huret.

« Le parti démocrate a compris que les mondes sociaux sont très variés… Le parti démocrate a aujourd’hui pris conscience de la grave crise sociale et sanitaire, sur des indicateurs sociaux qui sont aussi inquiétants en Grande-Bretagne : on observe un retournement démographique sans précédent - pour les hommes blancs, issus du milieu ouvrier ou de la classe moyenne âgés de 35 à 55 ans, la mortalité est en hausse aux Etats-Unis depuis trente ans. Des économistes utilisent d’ailleurs l’expression la "mort du désespoir" » Romain Huret.

« Ces catégories sociales vivent la même insécurité sociale, car ces populations sont confrontées à de très graves difficultés sociales et au sentiment d’insécurité » Romain Huret.

« Obama avait déçu et il est difficile de faire un bilan absolument positif de ses 8 ans de présidence. Sa faute la plus grave est peut-être d’avoir laissé se présenter Hillary Clinton en 2016. Elle a peut-être fait une campagne trop optimiste et en se concentrant sur les minorités, elle a peut-être oublié de s’adresser à une Amérique blanche » Laurence Nardon.

« Trump a fait un diagnostic qui, à mon avis, est en partie le bon sur la société américaine… Pour autant, Trump n’a pas développé l’Etat social » Romain Huret.

La popularité de Trump deux ans après son élection :

« Sa base continue à le soutenir, même si une partie s’effrite… » Romain Huret.

« Les violences et écarts de langage de Trump sont aussi bien acceptés car il les vend comme la marque de la "pureté de son âme" en termes de positionnement anti-élites : il n’est pas dans la main des grands médias et du politiquement correct. Sa base n’obéit pas aux injonctions des campus progressistes du pays. Et du coup, plus il en fait, plus c’est efficace pour son positionnement » Laurence Nardon.

« On voit très bien que les seuils de violence et d’acceptabilité de la violence augmentent dans nos démocraties… ceci vaut aussi pour un seuil de violence du débat politique » Romain Huret.

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