S’il faudra encore un peu patienter pour savoir si le couvre-feu va freiner la propagation du Covid-19, ses conséquences économiques, elles, se font déjà sentir. Les économistes prévoient même un recul du PIB pour ce quatrième trimestre.
- Patrick Artus Chef économiste et membre du comité exécutif de Natixis
Alors que le ciel commençait à peine à s’éclaircir pour l’économie française, les perspectives de reprise se sont brutalement assombries ces derniers jours, rattrapées par la seconde vague épidémique.
Les dispositifs de soutien aux acteurs économiques sont-ils à la hauteur du choc ? Le pire est-il encore à venir ? Pourra-t-on surmonter cette crise économique sans précédent ?
Pour répondre à ces questions, Guillaume Erner reçoit Patrick Artus, chef économiste de Natixis. Il est l’auteur avec Olivier Pastré de L'Economie post-covid publié aux éditions Fayard.
"On n'est pas en train de parler d'une situation qui va durer des années. On est en train de parler probablement d'une situation qui va durer encore deux trimestres. Je ne réagirai pas du tout de la même manière si c'était des années, mais si, c'est deux trimestres, la politique économique qu'on mène, évidemment, est complètement différente. Première nouvelle, donc. Moi, je continue à penser qu'on va avoir un hiver extrêmement difficile du point de vue de l'économie. Je pense depuis longtemps qu'on peut être en récession au quatrième trimestre de cette année et au premier trimestre de l'année prochaine, mais qu'ensuite, les choses peuvent s'améliorer assez fortement. On a encore six mois, probablement de récession devant nous . La bonne nouvelle dans l'économie, c'est un peu l'objet de ce qu'on a écrit avec Olivier, c'est qu'on est en train de mettre sur la table beaucoup de réformes qui traînaient et qu'on va finalement accélérer."
Pour la première fois finalement, on est en train de revenir à l'idée qu'il faut faire de la politique industrielle qui était complètement sortie des esprits. On a dans un pays comme la France, on n'a pas assez de secteurs forts. D'ailleurs, le tourisme, par exemple, va souffrir et on ne sait pas pendant combien de temps. On a vraiment peu de secteurs forts comme l'agroalimentaire, le luxe, l'armement et la pharmacie. Ce n'est pas assez pour tenir l'économie et donc on met aussi ça sur la table (...). Ce qui est positif, c'est qu'on a accéléré l'analyse de nos handicaps et de nos déficiences et qu'on va essayer de les corriger.
"Si on était dans une récession normale, compte tenu des nouveaux comportements des gouvernements et des banques centrales, puisque aujourd'hui on est en état de faire n'importe quel déficit public, on n'aurait pas eu de récession. Aujourd'hui, il est même probable qu'une récession normale ne se produise plus, puisqu'on a les moyens de la combattre suffisamment fortement. Simplement là, ce qu'on c'est une chute de l'offre. On ne peut plus produire parce qu'on ferme des entreprises, parce qu'il y a des gens qui doivent garder leurs enfants à la maison. Les écoles sont fermées, ils ne peuvent pas aller travailler et tout le monde ne peut pas travailler. Et donc, la perte de production, c'est une perte de l'offre. Donc, on ne peut pas la corriger. Ce que fait la politique publique, c'est de maintenir le revenu."
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