Edition française : l’exception culturelle. Avec Antoine Gallimard

SALON INTERNATIONAL DU LIVRE AU PARC DES EXPOSITIONS A PARIS EN 2016
SALON INTERNATIONAL DU LIVRE AU PARC DES EXPOSITIONS A PARIS EN 2016  ©AFP - Joël Saget
SALON INTERNATIONAL DU LIVRE AU PARC DES EXPOSITIONS A PARIS EN 2016 ©AFP - Joël Saget
SALON INTERNATIONAL DU LIVRE AU PARC DES EXPOSITIONS A PARIS EN 2016 ©AFP - Joël Saget
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Le secteur du livre a été chamboulé par la pandémie, alors même qu’il doit déjà constamment se réinventer pour vivre.

Avec

Antoine Gallimard est un des principaux patrons de l’industrie du livre et sans doute un des plus connus, avec un nom qui représente à lui seul tout un héritage et un patrimoine culturel.  

Le PDG de Madrigall et président des éditions Gallimard sait très bien que le secteur de l’édition est fragile, habitué à se réinventer, à évoluer dans un contexte incertain, soumis à des pressions structurelles.  

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Un éditeur est un artisan, qui prend des risques se lève chaque matin pour réinventer son métier.

Quand on a cet héritage intellectuel, il y a une charge, il faut réussir, la barre est haute. Je disais un jour à Pierre Nora : le problème n’est pas forcément de réussir, mais de ne pas échouer.

Comment appréhende-t-il la crise ?    

Pour l’édition, on a un connu un retour après le confinement, les chiffres d’affaires de 2020 n’ont reculé que de 3% alors qu’on s’attendait à une baisse de 20%. Le parascolaire a particulièrement connu une progression et la littérature aussi. 

Ce qui m’a marqué c’est que ce sont les librairies de proximité qui ont tiré leur épingle du jeu, beaucoup plus que les grandes enseignes. Donner aux librairies le statut de commerce essentiel a été une excellente nouvelle.

Amazon pèse extrêmement lourd dans des pays comme l’Angleterre avec des chiffres de 70%  des ventes mais en France c’est 10% de notre chiffre d’affaire. Amazon est tellement énorme que chacun peut tirer son épingle du jeux. Les gros ne sont pas forcément mis en avant. 

Ce qui est intéressant c’est de se balader en librairie et d’acheter un livre qu’on ne connaissait pas grâce au conseil du libraire.

40 ans après la loi du prix unique, qu'est devenu le marché du livre ?

Je voudrai saluer ceux qui aujourd’hui ont permis de fêter les 40 ans du prix unique du livre. 

En France, on a un magnifique réseau de librairies indépendante. Sans le prix unique il n’y aurait pas ce réseau et cette diversité éditoriale.

Toute la question aujourd’hui est d’éviter ce que Vargas Llosas et Magris appellent une accélération des best-sellers. Notre métier est de bien rémunérer les auteurs et de prendre un risque. Je me réjouis du succès de L’Anomalie de Le Tellier, pour un représentant de l’Oulipo ce n’était pas donné. La pertinence de notre métier est d’aller là où on ne nous attend pas. 

Ce que j’aime dans l’édition ce sont les hasards des pas heureux. 

Les nouveaux enjeux de l'édition

Il y a beaucoup livres, on a même dit qu’il y avait trop de livres. Je pense qu’il y a trop de livres qui se ressemblent, dans des genres à la mode, comme le développement personnel. Il ne faut pas accélérer cette poursuite au best-seller, une course qui peut être malheureuse pour l’édition. Il faut trouver l’écrivain nouveau et l’écriture nouvelle. C’est une recherche permanente. 

Albert Camus disait qu’il ne voulait pas vivre de sa plume pour être indépendant. Beaucoup d’auteurs aujourd’hui veulent être salariés mais je pense que, si une rémunération juste est importante, il faut laisser une forme de liberté à l’inspiration.

Aujourd’hui on essaye de développer la lecture à voix haute, pour gagner des lecteurs pour les auteurs. Notre problème c’est d’aller dans des coins de France qui ne sont pas aussi riches qu’à Paris. 

Ce regain de la lecture, si en plus tout le monde se mobilise pour faire lire, c’est très important. Je regrette la disparition de l’espace littéraire à la télévision.

À propos de la traduction des poèmes d'Amanda Gorman

C’est insupportable ! C’est comme pour la traduction d’Autant en importe le vent, je pense que c’est inacceptable. Concernant Gorman, moi je n’aurai pas plié. 

Je viens de publier le journal de Paul Morand de 1942-1944. J’ai regretté de ne pas avoir publié les pamphlets de Céline, annoté et expliqué, mais je pense que ça se fera un jour. 

Le confinement a-t-il été une source d'inspiration ? 

On a reçu beaucoup de journaux de confinement, on en a publié certains mais bizarrement ils n’ont pas eu le succès escompté.

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