Abstention, paysage politique, leçons pour les partis... Ce matin, en compagnie de Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l'IFOP, résultats et analyses des scrutins régional et départemental.
- Jérôme Fourquet Politologue
Une abstention record
Hier, 66%, soit les deux tiers des électeurs, se sont abstenus de voter, du jamais vu en France.
Lors des dernières élections régionales on a pu compter sur 50% de votants, donc on a perdu 15 à 18 points. En 1992 il y avait deux tiers de votants. Le ratio s’est donc inversé avec un décrochage civique qui est manifeste. On s’était interrogé il y a an avec les élections municipales : certains avaient pointé la peur du virus qui a détourné les Français des urnes, nous avons la réponse aujourd’hui.
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Une situation d'autant plus remarquable que traditionnellement les scrutins locaux intéressent davantage les Français.
La région n'est pas forcément bien définie depuis les derniers découpages en 2015, sinon les régions administratives ne datent que de 1986. Elles ont eu un rôle actif pendant la crise avec des Présidents de région qui commandaient des masques dans leur territoire respectif et pour autant ça n’a pas suffit.
Tous les partis politiques impliqués
Alors que le Rassemblement national était donné gagnant de ce premier tour des élections régionales, le taux record de l'abstention permet de donner une nouvelle analyse de l'électorat.
L’arrivée de LREM et les nouvelles figures politiques issues de la vie civile n’a finalement pas eu, ou peu eu, de poids. Huit jeunes sur dix ne seraient pas allés voter et les chiffres doivent avoisiner pour les milieux populaires. On est désormais dans une démocratie censitaire où seul l'électorat âgé et bien inséré socialement donne sa voix dans les élections.
Quand on est à 68% d’abstention toutes les familles politiques sont touchées. Ici le RN peut s’expliquer par des causes sociologiques car il rassemble davantage des jeunes issus de milieu populaire. Le RN, sur le plan national, cela reste 19% des voix, ce qui n’est pas rien. Cela reste son deuxième meilleur score de toute l’histoire des régionales. Le RN est bien présent dans le paysage même s’il a pâti d’une sous-mobilisation de son électorat. C’est particulièrement spectaculaire dans les Hauts-de-France où en 2015 elle faisait 40% des voix et Xavier Bertrand 25%, aujourd’hui c’est l’inverse.
Distinguer les élections régionales des présidentielles
Jérôme Fourquet souligne que si les Présidents de région sortants sont les principaux vainqueurs de ces élections, cette tendance ne traduit pas d'intention de votes pour les élections présidentielles l'année prochaine.
Les grands candidats du RN sont en difficulté pour les régionales. Aussi, le parti présidentiel n’est toujours pas implanté dans les territoires, on l'a vu pour les municipales, on le voit aujourd’hui dans les régionales, particulièrement dans les Hauts-de-France avec la présence de quatre ministres qui n’ont pas dépassé 10%.
Il faut être prudent et modeste, voir comment les choses vont évoluer. Le phénomène central de cette élection est l’abstention. Il faut voir si elle est réservée aux élections locales avec l’idée qu’on ne se mobiliserait que pour les présidentielles. Avec la crise on a vu que toutes les décisions étaient prises à l’Elysée.
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