Époque déboussolée cherche intellectuels

 Bruno Latour : philosophie, sociologue, anthropologue.
 Bruno Latour : philosophie, sociologue, anthropologue. - Universitetet i Bergen
Bruno Latour : philosophie, sociologue, anthropologue. - Universitetet i Bergen
Bruno Latour : philosophie, sociologue, anthropologue. - Universitetet i Bergen
Publicité

Nous recevons, ce lundi 17 juin, celui qui est considéré par beaucoup comme l’intellectuel français le plus important à l’étranger : Bruno Latour, philosophe, sociologue, anthropologue, membre associé de l'Académie royale de Belgique et auteur notamment de “Où atterrir" aux éditions La Découverte.

Avec

Après la crise des Gilets-Jaunes et le cri d’alarme poussé depuis 30 ans sur les menaces qui pèsent sur le climat, la biodiversité et le niveau des stocks des ressources naturelles, comment concilier 'fin du monde et fin du mois' ?

Nos débats politiques ne sont-ils pas vains s’ils ne prennent pas en compte la question environnementale ? Le nouveau clivage serait-il entre les préoccupés de l’environnement et les climatosceptiques ou climato-négationistes comme les nomme le quotidien anglais The Guardian ? L’écologie est-elle au XXIe siècle, ce que la lutte des classes était au XIXe et XXe siècle, une matrice fondamentale dont découlent toutes les autres questions ?

Publicité

Nous recevons, ce lundi 17 juin, celui qui est considéré par beaucoup comme l’intellectuel français le plus important et influent à l’étranger : Bruno Latour, philosophe, sociologue, anthropologue, membre associé de l'Académie royale de Belgique, ayant reçu le prix Holberg pour ne citer qu’une partie de ses nombreux titres et prix obtenus. Il est également l’auteur de “Où atterrir — comment s'orienter en politique (La Découverte, 2017) et de “Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique” (La Découverte, 2015). 

Bruno Latour a longuement travaillé sur la question des climato-sceptiques et des méthodes utilisées par ces derniers pour distiller un doute souvent non scientifique, afin de freiner les transitions environnementales de nos sociétés vers des modèles plus sobres et respectueux de leur environnement. Il se questionne également sur la démocratie au XXIe face à l’enjeu environnemental, il a en partie puisé dans l’idée des cahiers de doléances qui ont précédé la Révolution de 1789, pour affirmer le besoin de renouer avec une politique fondée sur les dépendances et les besoins des citoyens. Enfin, il est un électron libre qui n’hésite pas à croiser les disciplines pour créer de nouveaux concepts pour tenter d’offrir un regard renouvelé sur le monde. Il a à son actif le concept de d’’actant’, de révolution des conteneurs, ou de gendarme couché. 

Avis critique
49 min

A propos de Donald Trump et de l'environnement : 

Trump nous a beaucoup aidé, car il a permis de préciser le débat, nous sommes en guerre sur les sujets du climat, ce n’est pas un petit sujet politique à la marge. 

Il a d’ailleurs en ce sens, demandé à la NASA de ne plus s’intéresser à la terre et de se tourner vers l’espace, de nous aider à quitter la terre. 

A propos de la nouvelle puissance des Hommes et des ses faiblesse :

Nous sommes rentrés dans l’anthropocène, c’est-à-dire que si un géologue futur observe les strates géologiques, il pourrait situer un changement géologique. Les humains sont donc capables de marquer géologiquement la Terre, c’est inédit dans notre histoire

La tentation de ne rien changer, de trouver une solution par la technologie est très forte.

Les humains n’ont pas de capacité d’anticipation, nous ne sommes pas faits pour ça. Le crime, c’est de ne pas réagir quand nous nous rendons compte de nos erreurs.

A propos du danger de la collapsologie :

La collapsologie, c’est l’inverse de l’apocalypse, c’est une vision laïque et dépolitisée de la fin de temps qui n’invite pas à l’action.

A propos de l'impératif de décrire le monde : 

Il faut passer du culte du progrès, qui suppose une assez large marge d’indifférence au futur, à l’atterrissage. Tout ce mouvement progressiste était très peu matérialiste, très peu de gens s’intéressaient aux conditions matérielles d’existence

Il faut décrire les conditions matérielles d’existence, comme l’ont fait les marxistes au XIXe. Il faut savoir comment marche la société, comprendre profondément notre monde. Nous nous retrouvons aujourd’hui dans la même situation que les marxistes au XIXe, nous devons quitter le discours philanthropique et prendre sérieusement en compte la question. Nous devons retrouver la capacité de description qu’ont pu avoir les marxistes. Une fois ce travail de description effectué nous pourrons alors trouver de vraies solutions. 

L'équipe