

Quelle place pour l'ordre et la sécurité en démocratie ?
- Jean-Michel Fauvergue Député La République En Marche
- Pierre-Henri Tavoillot maître de conférences à Sorbonne Université, président du Collège de philosophie
Des voix s’élèvent pour dénoncer une dérive sécuritaire du gouvernement et les manifestations ne se tarissent pas en cette période de confinement… mais la loi sur la sécurité globale a été largement votée en première lecture à l’assemblée nationale, et le Président de la République et le gouvernement affichent un record de popularité… Faut-il y voir l’installation d’une fracture entre d’un côté une France désireuse de sécurité et d’un autre, une France rejetant les limitations des libertés ? Comment la morale peut-elle nous guider en ces temps incertains ? Et si la crise rendait plus gouvernable la démocratie ?
Nous serons en compagnie de Pierre-Henri Tavoillot, philosophe, maître de conférence à Sorbonne- Université, président du collège de philosophie. Il est auteur de « Comment gouverner un peuple roi ? » (Odile Jacob) et « La morale de cette histoire – Guide éthique pour temps incertains » (Michel Lafon). Il sera rejoint par Jean-Michel Fauvergue, député LaRem, ancien chef du Raid, co-rapporteur de la loi sur la sécurité globale.
Emmanuel Macron, une popularité en hausse
Dans une période de crise, notamment sanitaire, la tendance naturelle française est de regarder le pilote. On le regarde aussi beaucoup pour le détester, le critiquer, râler mais en même temps, comme l'inquiétude est extrême, l'idée qu'il y ait quelqu'un qui dirige et rassure suscite un peu de popularité. Pierre-Henri Tavoillot
Le principal défaut dans la situation où nous sommes est notre très grande difficulté à rendre des comptes et ne pas savoir examiner ce qui a dysfonctionné dans ce processus. La première phase de la crise n'a pas été analysée de manière suffisamment précise. Le Parlement n'a pas fait son travail d'examiner les auditions parlementaires post première crise. Dans notre système démocratique, nous ne savons pas rendre des comptes. Pierre-Henri Tavoillot
La vision verticale de gestion de crise, la bonne vision ?
Le participatif, ici, ça va être les plus gros intérêts particuliers qui vont gagner. C'est ça la logique de la participation. On oubliera peut-être ceux qui n'ont pas les moyens de se faire entendre. Je serais assez méfiant. Pierre-Henri Tavoillot
Il y a deux visions de l'Etat. Ceux qui considèrent que l'Etat est l'ennemi des libertés et ceux qui considèrent que l'Etat est le garant des libertés. Le problème, c'est évidemment qu'il peut être les deux. A mon avis, ce qui en France menace les libertés, c'est plutôt la bureaucratie. La décision bureaucratique nous plonge dans l'impuissance. Pierre-Henri Tavoillot
Pour Pierre-Henri Tavoillot, la réaction à la loi sur la sécurité globale est la conséquence d'une confusion
Il y a une extrême confusion, d'ailleurs habituelle, entre trois niveaux : la morale, le droit et la politique. Les trois visent le même objet : comment vivre ensemble sans s'entretuer ? La morale y répond par des principes, le droit par des règles écrites et la politique par la gestion des conflits partisans. Pierre-Henri Tavoillot
La loi sur la sécurité globale
Cette loi est issue d'un rapport parlementaire qui a mis six mois à se faire et qui date déjà de deux ans. Donc, elle ne vient pas ex nihilo. Est-ce que la loi est l'alpha et l'oméga pour régir les comportements en société ? Bien sûr que non. On n'aurait pas besoin de tout ça s'il y avait ces civilités, qui disparaissent peu à peu, cet esprit individualiste et ce relativisme contemporain qui remplace l'universalité des valeurs. Les policiers aussi respectent de moins en moins les règles. Le croche-pied ? Vous avez raison de dire que c'est un comportement qui n'entre pas dans la déontologie. C'est un comportement fautif. Cela a été filmé et c'est une bonne chose. Jean-Michel Fauvergue
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