Alors que Vladimir Poutine estime que l’offensive russe en Ukraine suit une “dynamique positive” depuis la prise de Soledar, pourtant démentie par Kiev, plusieurs pays européens sont prêts à fournir des chars lourds aux combattants ukrainiens.
- Tatiana Kastouéva-Jean Directrice du Centre Russie/Eurasie de l'Ifri
- Camille Grand Chercheur, spécialiste des questions de défense au Conseil Européen pour les relations internationales (ECFR) et ancien Secrétaire général adjoint de l’OTAN.
Guillaume Erner reçoit Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du Centre Russie/Nouveaux Etats indépendants de l'Institut français des relations internationales, et Camille Grand, chercheur et responsable des questions de défense au Conseil Européen des relations internationales (ECFR) et ancien secrétaire général adjoint de l’OTAN (il était en poste jusqu’en octobre 2022).
Une escalade de la violence à Soledar
“Les soldats ukrainiens se disent extrêmement choqués par la violence du combat, et la masse jetée dans cette bataille,” rapporte Tatiana Kastouéva-Jean. Pourtant affirme-t-elle, “l’enjeu stratégique à priori n’est pas énorme, il est hautement symbolique. L’armée russe est en panne de victoires à afficher, et jette donc toutes ses forces dans ce combat.” Il y a également un enjeu de communication, non seulement entre les Ukrainiens et les Russes - on a beaucoup de mal à identifier qui contrôle le territoire - mais aussi un enjeu interne à la Russie : qui a pris la ville ? L’armée régulière ou les milices Wagner ? Chacun cherche à s’attribuer la victoire."
Camille Grand confirme : “il est très important pour Vladimir Poutine d’avancer sur le terrain et de montrer que finalement cette guerre n’est pas perdue.” Il insiste toutefois sur l’extrême violence de ces combats : "Alors que la ligne de front est extrêmement réduite on a des pertes humaines qui sont comparable aux types de pertes que l’on pouvait avoir lors de la guerre de 1914 en une journée type. C’est d’une très grande violence, à la fois par l’emploi massif de l’artillerie, mais aussi par ces tactiques de vagues humaines et de combats rapprochés.”
Bras de fer entre l’armée régulière et la milice Wagner : quelles implications politiques ?
Camille Grand souligne “le rôle sans cesse croissant de la milice Wagner.” Pour le chercheur, “c*’est aujourd’hui une véritable armée, qui a des armes lourdes, qui déploie ses propres forces et des dizaines de milliers d’hommes puisés parmi les prisonniers de droit commun des camps en Russie*. Prigojine le patron de cette milice Wagner joue en quelque sorte son avenir politique. Il s’est beaucoup mis en avant depuis le début de ce conflit ukrainien. Il est sur le terrain, ou en tout cas pas loin, alors que les ministres et généraux russes n’y sont pas.”
“En Russie les milices privées n’ont pas d’existence légitime. Il n’y a pas de loi pour les régir”, précise Tatiana Kastouéva-Jean, “elles allaient autrefois là où l’État russe niait son implication. Aujourd’hui, l’existence de ces milices n’est plus niée, mais certains procédés comme le mode de recrutement dans les prisons, ce recours à des hommes sans foi ni loi, parfois des meurtriers récidivistes, dépasse largement l’armée.Il y a un risque que la créature finisse par dépasser son maître.” Pour la directrice du Centre Russie/Nouveaux états indépendants de l'Ifri, la question qui se pose est la suivante : “Prigojine ne vise t-il pas une place plus établie dans le paysage politique russe ?”
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