La convention citoyenne pour le climat a révélé hier ses 150 propositions. Elles doivent encore être votées dans les jours à venir par les participants puis être présentées au gouvernement. La démocratie participative est-elle un outil efficace pour lutter contre le changement climatique ?
- Loïc Blondiaux Professeur de sciences politiques à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, spécialiste des questions de démocratie et de participation citoyenne
Des propositions chocs pour le climat : 150 au total, parmi lesquelles une révision de la Constitution, une baisse du temps de travail, une obligation de rénovation énergétique des logements ou encore la renégociation du Ceta (l’accord de libre-échange entre l’Europe et le Canada). La Convention citoyenne pour le climat, installée le 4 octobre dernier, vient d’entamer la dernière ligne droite. Les propositions audacieuses formulées hier seront soumises au vote de ses membres ce week-end, avant d’être remises au chef de l’Etat, lequel s’est engagé à en tenir compte. Cette ultime session marque l’épilogue d’une expérience démocratique inédite, au service d’un projet : la transition écologique.
Pour en parler, nous recevons Loïc Blondiaux, professeur de sciences politiques à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, membre du comité de gouvernance de la convention citoyenne pour le climat.
Ces propositions vont-elles se concrétiser ?
"Peut être que les assemblées vont s’asseoir sur les propositions citoyennes, c'est une option ouverte . Mais dans ce cas, les élus seront obligés de rendre des comptes. Le pouvoir sera obligé d'expliquer pourquoi il ne retient pas ce que les citoyens veulent."
Des mesures trop radicales ?
"Au regard des enjeux, il est fondamental que les politiques en faveur de l'environnement soient plus audacieuses, qu'elles aillent plus loin. Or on le sait, un des prétextes pour ne pas être audacieux c'est de dire que les citoyens ne sont pas prêts."
Des citoyens en politique :
"La politique on estime que c'est une affaire d'experts : cette convention a montré que ça n'était pas le cas."
Les citoyens de la Convention ont été formés, confrontés à des experts. Ils ont reçu la même possibilité d'appui des élus, mais à la différence des élus, ils n’avaient pas d’intérêt à se faire réélire et n’avaient pas d’intérêt à créer des polémiques.
"L’atmosphère de délibération était sereine. Il y avait bien sûr des conflits dans cette assemblée citoyenne, mais il y avait eu un accord pour trouver une forme de consensus à la fin des débats."
L’accusation d'instrumentalisation de l'incrédulité de ces 150 citoyens laisse penser que les citoyens seraient incapables de résister à une manipulation. Alors que pendant huit mois ils ont débattu, étudié, analysé. D'autre part, c'est le CESE qui a constitué les conditions de ces réflexions, et au CESE il y a des représentants du Medef et de syndicats qui ne sont pas vraiment pas en faveur de la transition écologique.
De la démocratie représentative à la démocratie délibérative :
"On veut une articulation de la démocratie délibérative à la démo représentative. Il n'y a pas un désir de substitution d'une forme de démocratie à une autre."
Mais les fervents défenseurs de la démocratie délibérative comme moi, constatent que la démocratie représentative ne fonctionne plus sur des questions aussi fondamentales que la transition écologique. Pour produire ces changements, il faut de la légitimité et ce type de dispositif produit peut-être la légitimité que les assemblées d'élus ne produisent plus.
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