11 Novembre : sous l'enfer du Chemin des Dames, la Caverne du Dragon

La Caverne du Dragon est à l’origine une carrière de pierre calcaire. En 14-18, la carrière est investie par les soldats pour servir de caserne souterraine.
La Caverne du Dragon est à l’origine une carrière de pierre calcaire. En 14-18, la carrière est investie par les soldats pour servir de caserne souterraine. ©AFP - LECLERCQ Olivier / hemis.fr
La Caverne du Dragon est à l’origine une carrière de pierre calcaire. En 14-18, la carrière est investie par les soldats pour servir de caserne souterraine. ©AFP - LECLERCQ Olivier / hemis.fr
La Caverne du Dragon est à l’origine une carrière de pierre calcaire. En 14-18, la carrière est investie par les soldats pour servir de caserne souterraine. ©AFP - LECLERCQ Olivier / hemis.fr
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En ce 11 novembre, nous sommes à la caverne du Dragon, non loin du Chemin des Dames, pour la commémoration annuelle de l’Armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale.

Avec
  • Vincent Dupont Directeur scientifique de la Caverne du dragon
  • Franziska Heimburger historienne spécialiste de la coalition alliée pendant la Première Guerre mondiale

Théâtre moins connu des confrontations entre Français et Allemands, la Caverne du dragon a pourtant été un enjeu stratégique depuis sa prise par les Allemands dès le début de la guerre. Près de 400 soldats y ont vécus dans l’humidité, l’obscurité et l’attente, de 1915 à 1917. Véritable caserne souterraine pendant la Guerre, la Caverne du Dragon est aujourd’hui un lieu de mémoire réhabilité pour les visites mais aussi les médias.

Cette émission spéciale depuis la Caverne du Dragon est aussi l’occasion de revenir sur les grands événements de la Première Guerre et plus particulièrement le Chemin des Dames dont les affrontements se sont tenus à quelques kilomètres de la Caverne. 103 ans après l’Armistice, la Première Guerre mondiale représente toujours un travail de mémoire, des tirailleurs sénégalais de l’offensive Nivelle, aux mutinés du Chemin des Dames. Pour raconter ces histoires, nous sommes en compagnie de Vincent Dupont, directeur scientifique de la Caverne du dragon et Franziska Heimburger, historienne spécialiste de la coalition alliée pendant la Première Guerre mondiale.

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Les traces de la guerre

Nous sommes à 15 mètres sous terre sous le Chemin des Dames. On y extrayait de la pierre calcaire jusqu’en 1850 puis les soldats y trouvent un abri. Il fait 12 degrés toute l’année, 90% d’humidité et les conditions n’ont pas changé depuis l’époque. 

Les premières entrées datent du 4e régiment de zouaves de Tunis. Il pleut, il fait froid mais ils trouvent un toit sur leur tête. Quatre années de présence marquent les lieux, que ce soit par des Français ou des Allemands. 

Le Chemin des Dames est un endroit où beaucoup de soldats de différentes nationalités passent. Des troupes britanniques, il y a un cimetière italien pas loin, les Américains aussi ont participé à la fin de la guerre sur le Chemin des Dames. Franziska Heimburger

Les enjeux du Chemins des Dames

C’est un endroit qui a connu des combats par phase. Le lieu est stratégique car il est sur la route pour Paris. Il est donc d’importance cruciale pour les Français de le garder et pour les Allemands de le percer. Il y a eu des combats sous la terre, que ce soit dans des carrières comme ici, ou avec des bombardements par gaz. Franziska Heimburger

Un vieux diction militaire dit « qui tient les hauts, tient les bas ». Depuis 1915 et jusqu’en 1917 c’est un endroit calme, jusqu’à ce que le commandement français décide de tenter de mettre fin à cette guerre de position. Il va parvenir à reprendre le front aux Allemands en sept mois et avec beaucoup de difficultés. Vincent Dupont

Une victoire à la Pyrrhus

Il a fallu 7 mois aux Français pour prendre le Chemin des Dames, et 5h aux Allemands le 27 mai 1918.

C’est la dernière grande offensive franco-française et beaucoup de moyens sont déployés : des canons, des avions, un million d’hommes. C’est colossal mais ce sera une victoire à la Pyrrhus. En 1918 les Français n’attaquent plus seuls, c’est une armée alliée qui attaque désormais. Vincent Dupont

En 1918 ces combats alliés se font aussi parfois par hasard. Vers Amiens, les troupes britanniques ont perdu beaucoup d’hommes et sont envoyés au Chemin des Dames où le combat est calme. Sauf qu’à ce  moment-là, une attaque surprise a poussé les Anglais, qui devaient se reposer sur le Chemin de Dames, sur le front. Franziska Heimburger

Pour bien comprendre l’effet psychologique sur les gens, le 16 avril 1917 c’est le 980e jour de guerre et chaque année au printemps on dit que cette fois-ci c’est la bonne et qu’il y a encore de l’espoir. L’offensive du Chemin des Dames a été reportée à cause du mauvais temps et les préparations étaient mauvaises. C’était perdu d’avance, les Allemands avaient le jour et l’heure de l’attaque et les Français le savaient, mais ils ont quand même lancé l’offensive. Vincent Dupont