Le procès du progrès : Francois Ruffin est l'invité des Matins

Le député François Ruffin en visite à l'hôpital psychiatrique Pierre Janet, au Havre, en 2018.
Le député François Ruffin en visite à l'hôpital psychiatrique Pierre Janet, au Havre, en 2018. ©AFP - CHARLY TRIBALLEAU
Le député François Ruffin en visite à l'hôpital psychiatrique Pierre Janet, au Havre, en 2018. ©AFP - CHARLY TRIBALLEAU
Le député François Ruffin en visite à l'hôpital psychiatrique Pierre Janet, au Havre, en 2018. ©AFP - CHARLY TRIBALLEAU
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Dans un nouvel ouvrage, « Leur progrès et le nôtre, de Prométhée à la 5G », le député de gauche se pose la question : la croissance et le progrès technologique assurent-ils le bonheur commun ?

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La 5G se déploie petit à petit sur le territoire, et avec elle, la promesse d’une connectivité accrue. 

Le député insoumis François Ruffin ne veut pas polémiquer à propos de cette seule question de cinquième génération des standards de téléphonie mobile. En revanche, en pleine pandémie, il profite des interrogations suscitées dans la société civile par le déploiement du réseau 5G pour se demander : le progrès technique est-il politiquement neutre ? Est-il mécaniquement corrélé à l’augmentation du bien-être ?

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Des questions qui l’obligent à passer de la critique politique, qu’il connaît bien, à la critique éthique, au risque d’une approche que certains pourraient qualifier de mystique, si ce n’est de conservatrice. Dans sa famille politique, la gauche, la foi dans la technologie l’a souvent emporté : son livre, Leur Progrès et le nôtre (Seuil, 2021), passe donc par les chemins de l’autocritique. 

Questionner la notion de progrès amène le député à déployer un discours sur l’écologie, l’emploi et le désenchantement social. Et à finalement appuyer : il n’y a pas qu’un progrès, mais bien des progrès. En contrepoint d’un progrès purement technologique au service de politiques dont on sait qu’il ne les apprécie guère, Ruffin vante le progrès écologique et humain, incarné selon lui par les travailleuses du care et des “métiers du lien”, qu’il défend dans un nouveau film, "Debout les femmes !".

Quelle analyse de l'abstention des Français ? 

Alors que le taux d'abstention menace les futures élections présidentielles, et que ce dernier atteignait 55,25% lors du premier tour des dernières municipales, François Ruffin y voit le résultat d'une stratégie politique.

Je suis pas sûr que les politiques prennent l’abstention comme un danger politique. Je pense que les dirigeants ont un désir d’apathie politique car c’est plus facile de gouverner ainsi. 

Alors que les jeunes sont les plus touchés par la crise, pourquoi le gouvernement n’agit-il pas sur ce cœur de pauvreté ? Je pense qu’il y a une raison démographique, il y a davantage de 65 ans et plus, que de 18-30 ans. 

Les primaires s'adressent d’abord à la population la plus mobilisée. La première proposition tirée de la crise des gilets jaunes était le referendum d'initiative citoyenne, qui n’a jamais été octroyé. Il est beaucoup plus large que ce qui a été proposé avec "Aéroport de Paris".

Le procès du progrès

Il faut que la technologie fasse l'objet d'un débat démocratique à l'Assemblée nationale et avec les salariés concernés. 

Je n’invite pas à freiner sur la technique ou la science mais j'invite à demander ce qui peut nous être utile ou pas. Chez Sanofi, on a divisé par deux le nombre de chercheurs. On ne peut pas continuer à financer les actionnaires de cette société qui n'investit plus dans la recherche. 

Propositions en temps de crise

Je réclame la levée des brevets sur la vaccin. [...] Dès le mois d'octobre, j’ai réclamé une convention citoyenne sur le coronavirus.

Depuis un an, on s’est privé de l’intelligence des Français. Tout ça ne peut pas se résumer au cerveau d'un seul homme, celui d'Emmanuel Macron. La crise du coronavirus est bien modeste comparée à la crise écologique que l'on va subir. Si le premier réflexe dans une crise est de remettre les pouvoirs à un seul homme, ce n’est pas normal.