Maintien de l’ordre, séparatisme, état d’urgence : les préoccupations sécuritaires du gouvernement avec Bernard Rougier et Jean-Michel Schlosser

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, suivi du directeur de cabinet du ministère de l'Intérieur Stéphane Bouillon (juillet 2020).
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, suivi du directeur de cabinet du ministère de l'Intérieur Stéphane Bouillon (juillet 2020).  ©AFP - THOMAS COEX / POOL
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, suivi du directeur de cabinet du ministère de l'Intérieur Stéphane Bouillon (juillet 2020). ©AFP - THOMAS COEX / POOL
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, suivi du directeur de cabinet du ministère de l'Intérieur Stéphane Bouillon (juillet 2020). ©AFP - THOMAS COEX / POOL
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Alors que les contours du projet de loi pour lutter contre l'islamisme radical se dessinent, le Beauveau de la sécurité était présenté hier aux policiers.

Avec
  • Bernard Rougier politiste, spécialiste du Moyen-Orient arabe, professeur à l'Université Paris 3/Sorbonne Nouvelle
  • Jean-Michel Schlosser sociologue, ancien inspecteur de police, auteur d’une thèse sur les techniques de formation des policiers

L’agenda en matière de politique sécuritaire est chargé. Le Beauvau de la sécurité a été présenté ce lundi aux policiers, l’examen du projet de loi dit sur le séparatisme vient d’être finalisé et la prolongation de l’état d’urgence, votée par les sénateurs, sera soumise cette semaine aux députés. 

Comment la France peut-elle lutter contre la menace terroriste ? Alors que les policiers sont fortement mobilisés, la confiance des citoyens semble fortement entamée : comment renouer avec la population ? Jusqu’à quel point sommes-nous prêts à limiter nos libertés au nom de la sécurité ?

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Nous en parlons avec Bernard Rougier, professeur des universités à Paris 3/ Sorbonne-Nouvelle, spécialiste du jihad, membre senior de l’Institut Universitaire de France et directeur du Centre des études arabes et orientales. Auteur de “Les territoires conquis de l’islamisme” (PUF, 2021). 

Il sera rejoint par Jean-Michel Schlosser : sociologue, ancien officier de police, auteur d’une thèse sur la formation des policiers, chercheur associé au CESDIP (Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales) et au CEREP (Centre d’Etudes et de Recherches sur les Emplois et les Professionnalisations).

Le développement d'un écosystème islamiste

Des entrepreneurs islamistes parviennent à tisser des réseaux de socialisation pour prendre en charge une partie de la jeunesse qui n'est plus intégrée. On a perdu les grands instruments d'intégration des années 50/60 comme le Parti communiste, le syndicat de la CGT, tout ce qui pouvait constituer un univers alimenté par la gauche, qui avait historiquement cette fonction d'intégration des populations étrangères. Et c'est sur fond de ce phénomène qu'on a vu l'apparition de ces réseaux, souvent très prospères. Bernard Rougier

Comment les territoires étudiés par Bernard Rougier ont-ils vécu la pandémie ?

Il y a l'idée que ce virus était une punition. D'abord, une punition pour les Chinois qui massacrent les Ouïghours. L'interprétation faite est celle d'une revanche de Dieu qui infligerait un châtiment aux Chinois pour le prix de leur persécution des musulmans ouïghours. Ensuite, une autre interprétation s'est étalée accompagner la première. L'idée que les pays les plus frappés, ce sont l'Italie parce qu'elle est chrétienne, l'Iran parce qu'elle est chiite et la France parce que c'est un pays laïc. Bernard Rougier

L'agression du jeune Yuriy

Le lynchage n'est malheureusement pas nouveau. Ça revient assez souvent. Le grand public n'est pas au courant, mais il y en a toutes les semaines. Et c'est un fait qui est récurrent, qui est grave, face auquel, pour l'instant, on n'a pas véritablement de réponse, si ce n'est bien sûr une réponse judiciaire. Mais je pense que la réponse judiciaire ne suffit pas. Jean-Michel Schlosser

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