Peut-on prévoir l'évolution d'une épidémie de coronavirus, la viralité d'une fake news ou une contagion de la violence avec des outils comme le désormais fameux taux de reproduction ?
- Adam Kucharski Mathématicien et épidémiologiste britannique à la LSHTM (The London School of Hygiene & Tropical Medicine), auteur de «Les Lois de la contagion » (Dunod).
Adam Kucharski s’était fait connaître online en décembre 2020, avec un thread sur Twitter débutant par une question directe mais épineuse pour qui n’a pas la bosse des maths : « Pourquoi un variant du Sras-Cov-2 50 % plus transmissible poserait un bien plus grand problème qu'un variant à 50 % plus mortel. » Une illustration du rôle des mathématiques et des modèles pour comprendre la mécanique de la viralité.
Quelques jours avant l’épidémie planétaire dans laquelle nous vivons, en février 2020, l'épidémiologiste et mathématicien britannique à la LSHTM (The London School of Hygiene & Tropical Medicine) passé par la finance, a publié The Rules of contagion en Angleterre, traduit depuis en France sous le titre Les Lois de la contagion (Dunod). Dans cet ouvrage, il retrace les points communs entre l’épidémie de Sras de 2002, la viralité d’un tweet ou encore les bulles financières.
Ces phénomènes différents obéissent-ils en fait à des lois similaires ? Des outils mathématiques comme le désormais fameux taux de reproduction peuvent en tout cas nous aider à mieux les saisir en tant que chaînes de transmissions virales.
Comment rendre efficace une campagne de vaccination ?
En Grand Bretagne, la campagne de vaccination précoce présente déjà des effets sur le nombre d'hospitalisations. Selon, Adam Kucharski, les deux prochains mois seront décisifs pour voir apparaître une véritable protection. Cependant, une levée immédiate des restrictions entraînerait de nouvelles hospitalisations, car encore trop peu de gens ont reçu leur deuxième dose.
Si on veut simplement utiliser les vaccins pour contrôler l’épidémie et revenir à la normale, il faut une couverture très élevée. Pour l’instant seuls les adultes sont vaccinés et nous avons des variants potentiels qui vont arriver. On ne peut pas être sûr que la vaccination elle-même va réduire l’épidémie. Il faudra mettre à jours les vaccins et trouver d’autres mesures pour limiter l’épidémie.
Dans le cas de l'épidémie de rougeole, 95% de la population avait du être vaccinée pour éteindre la contagion.
Pour la rougeole, il faut une couverture très élevée. Pour le Covid, on aurait probablement besoin d’une couverture entre 75 et 80%, si on avait une vaccination donnant une immunité longue. S’il n’y avait pas de variants et si on vaccinait toute la population, on aurait le même effet que la campagne contre la rougeole.
Pour adapter les vaccins chaque mois, il faudrait pouvoir prédire comment les variants évoluent.
Il est notable qu’à travers le monde, les mêmes mutation se sont produites indépendamment, ce qui suggère qu’il y a un élément que l’on pourrait prédire pour mettre à jour les vaccins. Le défi que nous avons chaque année avec la grippe est que beaucoup de variants émergent et qu'il y a une décision difficile à prendre pour choisir quel vaccin on va faire alors que d’autres variants vont émerger. Il faut vraiment suivre de très près ces différents variants et voir quelles modifications doivent être inclues dans les vaccins.
Étude sur la viralité numérique
Quelles sont les similitudes entre un virus et une fausse information ?
Il y a des ressemblances notables. La transmission dépend du virus lui-même et de ses caractéristiques mais elle dépend aussi des interactions entre les populations et de la sensibilité de l’infection.
Pour les infox, cela dépend aussi du contenu de l’information - plus ou moins émotionnel ou polémique - et des interactions dans un réseau social. Avec une infox, il faut étudier comment elle se diffuse entre des gens qui ont beaucoup de contact entre eux.
Un mode de diffusion entre personnes en contact, que l'on retrouve aussi dans les bulles financières.
Dans le cas des bulles d’épidémie, il y a un groupe de gens sensibles à l'infection, puis il y a la propagation. Dans le Bitcoin, il y avait une petite communauté impliquée, puis il y a eu une vague qui a atteint une population plus large. En fonction des bulles, il y a un changement chez les gens et leur sensibilité à ces informations.
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