La situation dans les EHPAD, la polémique quant au maintien d’une certaine catégorie d’âge en confinement ou encore le chamboulement du rapport à la mort nous invitent à réfléchir au rapport de la société avec la question du vieillissement. Nous en parlons ce matin avec Marie de Hennezel.
- Marie de Hennezel Psychologue et écrivain
Après de longs atermoiements, la question a été tranchée. Les plus de 65 ans ne resteront pas confinés après le 11 mai. Cette décision a soulagé les premiers concernés mais aussi les acteurs du secteur qui ont alarmé sur les risques psychosociaux d’une telle décision. L’épidémie invite la question du vieillissement au centre des discussions, familiales, sociales mais aussi politiques. Il y a quinze jours, Emmanuel Macron a promis un plan massif pour nos aînés, remettant à l’ordre du jour la loi « grand âge », évoquée par le chef de l’État depuis mi-2018.
Comment la crise que nous traversons nous invite-t-elle à changer notre regard sur la vieillesse ? Quel est l’impact du confinement sur les personnes âgées ?
Pour en parler, nous recevons la psychologue clinicienne Marie de Hennezel, autrice notamment de Et si vieillir libérait la tendresse, In Press (2019)
Une société dans le déni face à la mort
"Ça fait longtemps que je dénonce le déni de la mort qui pèse sur nos sociétés. Nous prenons conscience actuellement de nos vulnérabilités face à la mort. Et nous nous retrouvons avec des angoisses face à cette prise de conscience. Cette prise de conscience brutale que nous sommes mortels change notre rapport à la mort."
Dans les EHPAD, il y a aussi eu un déni de la mort. Souvent, ce déni a fait que des personnes qui approchaient de la mort n’ont pas été assez accompagnées dans leurs derniers moments. Marie de Hennezel
"Le confinement invite à un voyage vers l’intériorité. La perspective de la mort oblige à s’approfondir, à se poser les questions qui comptent vraiment."
Rétablir la dimension humaine dans les EHPAD
Il faut avoir une réflexion éthique à l’intérieur des EHPAD. Marie de Hennezel
"Je plaide pour un aménagement, une liberté pour ceux qui dirigent les EHPAD de privilégier une dimension humaine. Il faut trouver un juste rapport entre la folie hygiéniste et la dimension humaine."
Il y a une folie hygiéniste qui consiste à préférer protéger la vie des personnes très âgées en EHPAD, qui de toute façon ne sont pas très loin de leur mort, plutôt que de répondre à leur désir de voir leurs proches, leur parler, voire même les toucher. Marie de Hennezel
L'acceptation de la mort, symbole du monde de demain ?
"Cette prise de conscience de notre mortalité peut amener nos dirigeants comme chacun d’entre nous à orienter nos décisions politiques comme individuelles vers la préservation de ce qui compte vraiment."
"Tous les acquis que nous avons eus sur les droits des personnes en fin de vie sont mis à mal. La liberté de refuser un traitement ou de préférer voir sa famille plutôt qu’être protégé n’est pas entendue. Nous avons beaucoup travaillé à ce que la liberté des personnes soit protégée."
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