

Après le dramatique incendie qui a ravagé hier la cathédrale, "les Matins" font le point sur ce que l'on sait des causes de ce drame, sur l'estimation des dégâts et la reconstruction à venir. Mais aussi sur la symbolique de Notre-Dame de Paris et l'inquiétude pour l'orgue unique au monde.
- François Angelier Producteur de l’émission "Mauvais Genres" sur France Culture, spécialiste de littérature populaire
- Lionel Avot organiste, responsable de l'orgue à Radio France
- Mgr Benoist de Sinety vicaire général de l'archidiocèse de Paris
- Maryvonne de Saint-Pulgent Présidente de section honoraire au Conseil d’Etat, ancienne Directrice du patrimoine au Ministère de la Culture (1993-1997).
- Alexandre Gady historien de l'architecture française, spécialiste de l'architecture de l'époque moderne, membre du Centre André-Chastel 1, professeur à l'Université Paris-Sorbonne.
"Bien des hommes de tous les pays de la terre viendront pour contempler cette ruine austère", écrit le poète Gérard de Nerval dans son poème "Notre-Dame de Paris"... Le feu, même s'il est pour l'heure maîtrisé, a bel et bien ravagé une partie de la célèbre cathédrale et la sidération face à cette catastrophe a été mondiale.
Selon le général Jean-Claude Gallet, commandant de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, "l_es deux tiers de la toiture de Notre-Dame ont été ravagés"._ Les pompiers qui sont toujours sur place pour sécuriser la cathédrale ont pu annoncer en fin de soirée que la structure était "sauvée et préservée dans sa globalité".
"Cette cathédrale, nous la rebâtirons", a affirmé Emmanuel Macron. Dans un message posté sur Twitter, le président a aussi annoncé "une souscription nationale" lancée dès mardi, "bien au-delà de nos frontières". Les dégâts qui seront découverts aujourd'hui en plein jour seront sans nul doute considérables et posent la question de l'avenir de la cathédrale dont la construction date de 1163.
"Les Matins" reviennent aujourd'hui sur ce drame en tentant d'évaluer les causes et les dégâts de cet incendie en compagnie de Maryvonne de Saint-Pulgent, ancienne directrice du patrimoine au Ministère de la Culture, Alexandre Gady, historien, François Angelier, producteur à France Culture, Mgr Benoist de Sinety, vicaire général de l'archidiocèse de Paris, et Lionel Avot, organiste responsable de l'orgue à Radio France.
Ce sont des charpentes très compliquées... des portes coupe-feu, c'est complètement impossible dans un milieu aussi ancien. (...) Cette charpente n'était pas habitée, c'est un enchaînement fatal. Maryvonne de Saint-Pulgent
Lunéville, Versailles, la Bibliothèque nationale... Depuis une dizaine d'années, il y a beaucoup de problèmes liés aux travaux. Malgré notre tristesse, il faut se poser la question de la sécurité des chantiers. Alexandre Gady
Les beffrois ont été arrosés. On n'a aucune idée de l'état des vitraux, le maître-autel a l'air préservé... il va falloir maintenant couvrir, déshumidifier. On ne peut absolument pas commencer les travaux tout de suite. Maryvonne de Saint-Pulgent
Mettre hors d'eau est donc la priorité, car l'humidité peut être parfois pire pour le patrimoine que le feu lui-même. Et évaluer les dégâts, certainement considérables en ce qui concerne l'orgue, selon Lionel Avot, car l'instrument - dont certains tuyaux datent du XIIIe siècle - souffre beaucoup des variations de température.

Sur l'histoire et l'imaginaire de Notre-Dame de Paris, l'émission rappelle aussi à plusieurs reprises que la cathédrale est un palimpseste, que les transformations et ajouts ont été nombreux. Notamment au XIXe siècle, lorsqu'on a dégagé le parvis et que Viollet-le-Duc supervisa l'édification de la flèche qui s'est effondrée cette nuit. Un XIXe siècle au cours duquel "Victor Hugo a investi émotionnellement le bâtiment" nous dit François Angelier. Et depuis, c'est "un visage de la France, un visage de notre histoire", au côté de la cathédrale de Reims et de la Basilique Saint-Denis.
Ça a toujours été plus que la cathédrale elle-même. Elle a vécu au rythme des grands événements nationaux depuis le XIIe siècle. Alexandre Gady
"Un mot d'espoir", dit Maryvonne de Saint-Pulgent, "sa silhouette n'a pas été touchée". Et Mgr Benoist de Sinety d'ajouter comment il a pu voir depuis le parvis, une fois l'incendie partiellement maîtrisé, une partie de la nef préservée : "Au milieu de tout ça, il y avait l'autel, la Pietà, la Vierge de Paris... tout un peu poussiéreux mais intact".
Un vaste chantier s'ouvre maintenant, qui sera forcément à la charge de l'Etat. L'émission s'achève alors par cet appel à sanctuariser le budget alloué à l'entretien du patrimoine. Car depuis Malraux, celui-ci n'a pas cessé de diminuer, met en garde Maryvonne de Saint-Pulgent. Et Alexandre Gady renchérit, rappelant qu'un incendie certes moins grave a eu lieu il y a quelques semaines seulement à l'église Saint-Sulpice à Paris : "Il faut arrêter de jouer au yoyo avec le budget du patrimoine. L'Etat doit mieux assumer".
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