Comment Macron a-t-il gagné ? Mais surtout quelle est la géographie du vote pour le Rassemblement national en progression constante depuis 2002 ? Ce matin nous analysons la cartographie de l’élection présidentielle.
- Violaine Girard Maîtresse de conférences en sociologie à l’Université de Rouen
Le RN a remporté une « éclatante victoire » selon les propos de Marine Le Pen dimanche soir, même si ce n’est pas l’élection présidentielle. Le RN a augmenté en score et en nombre de voix depuis la qualification au second tour du Front national en 2002 pour atteindre 41,5% des voix contre Emmanuel Macron dimanche dernier.
Est-il encore d’usage d’associer le vote en faveur de l’extrême droite à des territoires désindustrialisés et marqués par le chômage et la précarité ? Quelles sont les nouvelles dynamiques que cachent les géographies électorales ?
Invités :
- Violaine Girard : maîtresse de conférences en sociologie à l’Université de Rouen-Normandie. Auteure du livre « Le vote FN au village : trajectoires de ménages populaires du périurbain » (Editions du Croquant, 2017).
- Jean Rivière : géographe, maître de conférences à l'Université de Nantes.
- Hugo Touzet : sociologue, co-auteur de « Votes populaires : les bases sociales de la polarisation électorale dans la présidentielle de 2017 » (collectif Focale, 2022)
La géographie électorale et la droitisation de la République en marche
Jean Rivière remarque la transformation de la géographie du vote pour Emmanuel Macron. En 2017, à l’échelle nationale aussi bien qu’à celle des bureaux de vote sur laquelle il a travaillé, il estime que la géographie du vote LREM est intermédiaire, tandis qu’en 2022 elle correspond à celle du vote pour la droite traditionnelle. "La carte d’Emmanuel Macron dans les grandes villes ressemble beaucoup à celle de François Fillon en 2017". Pour le géographe, l’électorat de droite a été écartelé entre le vote pour Emmanuel Macron et le vote pour Éric Zemmour.
La polarisation du vote populaire
Hugo Touzet, avec le collectif Focale, a travaillé en 2017 sur deux villes populaires avec la volonté de combattre le préjugé de l’extrême droitisation des classes populaires. Il estime bien plutôt que ce vote est polarisé entre l’extrême droite et une gauche plus radicale qui était déjà centrée autour de Jean-Luc Mélenchon en 2017. "Il faut cependant bien voir que les territoires ne sont pas neutres et que derrière chaque territoire se jouent des dynamiques du travail, des phénomènes sociaux qui peuvent expliquer les polarisations politiques".
Les zones périurbaines et le vote d’extrême droite
La sociologue Violaine Girard a enquêté dans les espaces périurbains du Bugey à l’est de Lyon où le vote pour le RN est surreprésenté. Elle insiste sur le sentiment de déconnexion et de méfiance entre les habitants rencontrés et les représentants politiques. Dans les territoires concernés par son enquête, la politisation des ménages était à droite depuis longtemps. "Pour expliquer ce passage du vote en faveur de la droite classique au RN, relève-t-elle, il faut également constater les pratiques plus ou moins informelles de discrimination contre les personnes racisées à l’œuvre sur ces territoires qui se banalisent et rejaillissent sur le vote".
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