Projet de loi pour une école de la confiance : pourquoi tant de défiance ? Jean-Michel Blanquer est l’invité des Matins

Jean- Michel Blanquer s'exprimant à l'Assemblée Nationale
Jean- Michel Blanquer s'exprimant à l'Assemblée Nationale ©AFP - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT
Jean- Michel Blanquer s'exprimant à l'Assemblée Nationale ©AFP - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT
Jean- Michel Blanquer s'exprimant à l'Assemblée Nationale ©AFP - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT
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Les enseignants du primaire et du secondaire ont exprimé, le jeudi 4 avril, leur défiance face au projet de loi pour une école de la confiance voté en première lecture à l'Assemblée Nationale.

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Après, le hashtag ‘#PasDeVague’ en novembre, les « Stylos rouges », mouvement de professeurs et de membres de l’Éducation Nationale né sur Facebook, le personnel enseignant a battu le pavé une nouvelle fois ce jeudi 4 avril contre le projet de loi « pour une école de la confiance ». Cette réforme modifie le parcours éducatif des lycéens pour s’adapter à la nouvelle formule du baccalauréat, qui voit disparaître les filières S, ES, L et personnalisé autour d’options choisies par chacun des élèves. Cette réforme décrite comme technique par une partie de ses détracteurs, touche également l’école primaire en permettant la fusion des écoles primaires avec les collèges et impose la scolarisation dès 3 ans. 

Nous recevons aujourd’hui pour en discuter le ministre de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse, Jean-Michel Blanquer et Séverine Chauvel sociologue à l’Université de Créteil, auteure de « Course aux diplômes : qui sont les perdants ? ».  

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Nous sommes dans une société de défiance… on ne se fait pas suffisamment confiance et c’est un signe des difficultés dans lesquelles nous sommes. Jean-Michel Blanquer.

Dédoublement en CP/CE1 : 

Le dédoublement de certaines classes : une mesure qui touche 180 000 élèves aujourd’hui, elle en touchera 300 0000 à la rentrée prochaine… Cette mesure n’est pas suffisante en elle-même, elle nécessite un accompagnement pédagogique… Jean-Michel Blanquer.

Le contrôle continu : 

Nous voulons un effort en continu en première et en terminale. Les professeurs comprennent très bien cela, ils savent que c’est dans leur intérêt et dans celui des élèves. Nous allons objectiver avec des copies anonymes, des correcteurs qui ne sont pas leurs professeurs. Jean-Michel Blanquer.

La liberté d’expression des enseignants :

« L’exemplarité » renvoie au respect de l’institution scolaire : c’est-à-dire au fait qu’il y ait un respect de la part des élèves et des parents envers les professeurs. Il n’y a pas de changement, la liberté d’expression des professeurs reste la même, leur liberté d’expression n’est pas le sujet de cet article de la loi. Jean-Michel Blanquer.

Les inégalités scolaires :

Je ne sais pas si cette loi est de gauche ou de droite, ce que je sais c’est qu’elle est profondément sociale ; je ne sais pas si « social » est synonyme de gauche. Jean-Michel Blanquer.

A première vue, cette réforme paraît pragmatique, technique, mais quand on assemble toutes les pièces du puzzle, on comprend qu’il y a, derrière, un modèle d’inspiration clairement libéral. Séverine Chauvel.

On sait que les choix se font sous contrainte. Si un élève a des difficultés de comportement ou d’apprentissage, il n’aura pas les mêmes facilités : les places sont limitées dans les options, les filières ou certains établissements. Séverine Chauvel.

Cette réforme ne permettra pas de lutter contre les inégalités, au contraire, elle les aggravera.  La réforme renforce l’autonomie des établissements et cela risque de renforcer la mise en concurrence, les recherches l’ont montré. On n’a rien sur la carte scolaire, un point très important en termes de mixité scolaire. Dans cette loi, on n’a rien sur l’éducation prioritaire. On sait déjà qu’il y a une ségrégation qui est forte, ce qui accroît les inégalités entre établissements. Séverine Chauvel.

Le système français, on le sait, depuis les années 50, reproduit des inégalités… des élèves issus des classes populaires qui n’accédaient pas au baccalauréat y accèdent - aujourd’hui, il y a une élévation générale du niveau mais il reste des inégalités dans un système qui fait des filières. Je ne suis pas persuadée, vu les travaux produits par les sciences sociales, que cette proposition de loi puisse réduire les inégalités entre ces filières. Séverine Chauvel.

Les enseignants manquent de formation à l’accompagnement des choix scolaires. Séverine Chauvel.