Que sont devenus les lendemains qui chantent ? La gauche depuis Mitterrand avec Jacques Attali

François Mitterrand à l'Elysée en mai 1981
François Mitterrand à l'Elysée en mai 1981 ©Getty - Gamma-Rapho
François Mitterrand à l'Elysée en mai 1981 ©Getty - Gamma-Rapho
François Mitterrand à l'Elysée en mai 1981 ©Getty - Gamma-Rapho
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Le 10 mai 1981, François Mitterrand est élu président de la Vè République. Pour en parler, nous recevons Jacques Attali, directeur de campagne en 1974 et en 1981, puis conseiller spécial de François Mitterrand pendant dix ans.

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Il y a 40 ans, François Mitterrand devient le premier président socialiste de la Vè République. Il remporte le second tour de l'élection présidentielle face au président sortant, Valéry Giscard d'Estaing, après s’être présenté pour l’Elysée deux fois. Son élection marque un tournant majeur dans la vie politique française. 

Que reste-t-il du mitterrandisme ? Comment peut-il éclairer le pays à un an de l’élection présidentielle ? Un « 10 mai » est-il encore possible ? Nous serons en compagnie de Jacques Attali, directeur de campagne en 1974 et en 1981, puis conseiller spécial de François Mitterrand pendant dix ans. 

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La perception du sentiment de déclin

Jacques Attali partage un sentiment de déclin qui, selon lui, se généralise en France. Il constate un sentiment de déclin, une réalité du déclin, mais aussi le déni de cette réalité.  Comme indice "indiscutable", il rappelle que la part de marché de l’industrie française dans le marché européen, est passé de 18% à 12% depuis les années 2000. L’industrie française s’effondre, face à l’Allemagne.

Il n'y a pas de relances des grands secteurs économiques de la vie, on arrose l’économie sans priorité. Il y a un déclin français en marche, et ce depuis 1986. Les réformes liées à l’idéologie du travail ont malmené le niveau français. Il y a une idéologie du moi d’abord, un refus de solidarité qui traverse la gauche et la droite, de la publicité au le racialisme … C’est destructeur pour une nation.

En 1981, il y avait une vraie volonté de puissance industrielle. Si nous n’avions pas nationalisé ces entreprises, elles auraient fait faillite ou aurait été vendues par morceaux à des entités étrangères. L’industrie allait mal car il n’y avait pas d’actionnaires possibles, que les entreprises étaient aux mains de quelques familles. 

Un manque de projets et d'idéologie

Face à ce déclin, Jacques Attali plaide pour une nouvelle idéologie du travail avec plus de justice sociale, une plus vaste réforme fiscale et des lois donnant aux salariés des pouvoirs plus grands dans l’entreprise, comme cela existe déjà en Allemagne ou dans les pays d’Europe du Nord. 

Il y a une vraie demande de projet. Je vais proposer un projet « France positive 2022 » qui sera disponible aux différents candidats à la présidentielle d’ici novembre. Il y a des réformes à faire et elles doivent être conçues de manière pragmatique, sans les questions de chapelle et d’ego. 

Si les élections avaient lieu aujourd’hui je pense que Marine Le Pen a de grande chance d’être élue, car elle a des réponses à tous les derniers événements : insécurité, terrorisme, … Il y a une demande française aujourd’hui de dégagisme. Les Français ne veulent ni de Macron, ni de Le Pen.

L'absence des intellectuels

L'économiste constate un retrait des intellectuels dans la vie politique depuis les années 1980. Les projets politiques ne sont plus pensés pour se traduire en action. 

Mais les intellectuels reviennent petit à petit notamment auprès des écologistes. On le voit moins à droite, ce qui laisse un champ considérable à l’extrême droite. Je souhaite que mes amis de la droite se regroupent pour penser un projet et s’opposer dignement aux programmes de gauche. 

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