Quelle vie en entreprise après l'affaire France Télécom ?

Membres du syndicat sud présents au procès de France Télécom. Le 6 mai à Paris
Membres du syndicat sud présents au procès de France Télécom. Le 6 mai à Paris ©AFP - Lionel BONAVENTURE
Membres du syndicat sud présents au procès de France Télécom. Le 6 mai à Paris ©AFP - Lionel BONAVENTURE
Membres du syndicat sud présents au procès de France Télécom. Le 6 mai à Paris ©AFP - Lionel BONAVENTURE
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De 2007 à 2010, une vague de suicides à France Telecom a révélé les dysfonctionnements d'un management dur, dont s'ouvre cette semaine le procès. Analyse de ces violences et des enseignements qui ont pu en être tirés.

Avec
  • Valéry Michaux professeure de stratégie et entrepreneuriat à Néoma Business School
  • Sylvaine Perragin Psychologue du travail

Sur la transformation radicale dans les entreprises : 

Dans les années 80, dans les entreprises, on est passé d'une logique de métier à une logique de gestion

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Suicides au travail : 

Il n'y a pas d'individu par nature fragile. Les gens qui font des burn-out, les gens qui se suicident ne sont pas des individus fragiles, ce sont des gens qui sont allés au bout de leurs ressources pour trouver des solutions dans des environnements, des entreprises qui n'en n'offraient pas. c’est lié à l’impossibilité qu’ont les gens de faire leur travail et de le faire bien.  Sylvaine Perragin.

Une des choses que l’on vient cherche au travail, c’est du sens… Sylvaine Perragin.

Les gens ont besoin d’être passionnés par ce qu’ils font et c’est comme ça qu’ils font du bon travail. Le management est le fruit d’un système. Il est devenu toxique car le système lui a demandé d’être toxique. Il y a des gens qui sont capables de dire non, mais il n’y a pas énormément de gens capables de dire non.  Sylvaine Perragin.

La psychologie dans les entreprises : 

Je suis très réservée sur tous ces outils merveilleux qui parlent de l’humain au travail… A partir de ces suicides à France Télécom, il y a eu une vague de psychologisation des entreprises. Cette vague a notamment fait fleurir beaucoup de cabinets de ressources humaines, de coachs… Le problème, c’est que la psychologie humaine est extrêmement complexe et qu’il est dangereux de bricoler avec. Il existe des outils très précis pour estimer le burn out. Le gens sont dans une auto évaluation de leur niveau de stress très précise…  Le burn out a aussi des manifestations physiques, une symptomatologie physique qui doit alerter, le corps nous parle, il donne des alertes… certains ont mal à l’estomac, d’autres ont de troubles du sommeil… seulement quand ces symptômes deviennent courants, chroniques, il faut s’en occuper… Sylvaine Perragin.

La responsabilité de la hiérarchie : 

Ce que met en lumière le cas France Telecom, ce sont les dérives et une anesthésie totale de la ligne hiérarchique… On essaie d’enseigner à nos étudiants de ne jamais prendre les objectifs de façon trop triviale… La responsabilisation des lignes hiérarchiques est en cause. A France Télécom, par la suite, par exemple, une part du salaire des plus gros cadres a été indexée sur le climat social… Dans le cas de France Telecom, c’est un harcèlement collectif qui est pointé du doigt et la ligne hiérarchique a sa responsabilité… Valéry Michaux.

L’entreprise de demain qui sera gagnante sera celle qui laissera expérimentations et marges de manœuvres les plus larges possibles aux salariés… Valéry Michaux  

Il faut des syndicats et des syndicats forts qui soient des catalyseurs de collectifs. Les syndicats ont été dépassés par tout ce qui s’est passé et ne se sont pas actualisés sur les nouveaux enjeux des entreprises. Il faut qu’il y ait des nouveaux collectifs, créer des solidarités, des collectifs qui puissent être des interlocuteurs de l’entreprise. Sylvaine Perragin.

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