Le projet de loi bioéthique sera examiné en seconde lecture à l'Assemblée nationale le 7 juin prochain. L'occasion de revenir sur l'histoire de la naissance.
- René Frydman médecin spécialiste de la reproduction et du développement de l’assistance médicale à la procréation en France, producteur à France Culture de Matières à penser, auteur de « Intimité en danger » (PUF, 2019).
"La naissance est un fabuleux voyage" nous dit René Frydman, mais il n’est pas sans turbulences ! Un vol long-courrier dont on ne connaîtrait pas la destination ni son voisin de cabine : voilà à peu près ce qui attend les mères et les pères.
Cette passionnante Histoire de la naissance part des mythes et légendes autour de la création physique de l’être humain, de l’Egypte ancienne à nos jours, pour retracer l’évolution prodigieuse de la médecine obstétrique et exposer l’état actuel de nos connaissances.
René Frydman, est médecin spécialiste de la reproduction, auteur d’Une histoire de la naissance (Grasset, 2021) .
Pour René Frydman, cette histoire ne recoupe pas seulement la question de la technique médicale, mais aussi celle d'une construction sociale et d'un ensemble de perceptions autour de la naissance.
Un accouchement, physiologiquement, c’est toujours la même chose. Tout ce qu'il y a autour en revanche, la précaution, la sécurité, le vécu, les limitations… Toutes ces choses sont conditionnées par la société.
Et parce qu'elles évoluent, ces représentations admettent aussi, depuis récemment, les problèmes que rencontrent les mères.
Il y a une mortalité maternelle très importante dans le monde : à peu près 500 000 femmes décèdent tous les ans du fait d'une mauvaise prise en charge, qu’il s’agisse de grossesses extra-utérines ou de complications de la naissance.
Les violences obstétricales sont désormais écoutées. Les femmes qui s’en plaignaient ont mis du temps à être considérées. Il y a aujourd’hui une prise de conscience de ce phénomène.
Ce qu’a changé la fécondation in vitro
C’est une grande transgression dans le principe de la naissance. Cette technique a rendu manipulable en laboratoire et observable au microscope ce qui était intouchable et invisible jusqu’alors.
Le diagnostic préimplantatoire n’a pas changé grand-chose en soi dans la technique de la fécondation in vitro. Il est important pour des familles particulières qui présentent un risque de transmettre une maladie génétique. C'est aussi la raison pour laquelle la FIV, qui était d'abord réservée aux couples infertiles, a été ouverte aux couples fertiles mais porteurs d’une anomalie génétique.
L'enjeu de la fécondation in vitro, c'est aussi l’évaluation du matériel génétique de l'embryon choisi pour être implanté. De façon corolaire, le risque d'une sélection a priori des caractères génétiques du futur enfant est régulièrement invoqué dans les débats éthiques. C'est toutefois une demande que formulent rarement les parents, explique René Frydman.
60% des embryons fabriqués in vitro ne sont pas implantés parce qu’ils sont porteurs d’anomalies et qu’ils ne disposent pas, structurellement, du matériel génétique nécessaire au développement de l’enfant.
On sent effectivement un désir d’enfant "à soi", d’un enfant parfait chez les parents. Mais les parents comme les médecins font aussi preuve de beaucoup d’humilité lorsque des anomalies sont constatées à la naissance de l’enfant.
Les défis d’une médecine de proximité
La médecine qui est aujourd’hui devenue technique et distanciée doit rester dans la relation humaine et la confiance. Ce lien est fondamental, parce que c’est un métier d’émotion.
D’une façon générale, la médecine devrait être plus territorialisée. Cela nécessiterait une réforme de l’exercice médical sur un territoire donné où il y a une population qui a des besoins. Dans ce territoire de santé, quelle est la possibilité d’être entendu pour des problèmes d’urgences, de maternité ou de maladie chronique ? C’est une question essentielle pour assurer la bonne prise en charge des populations.
Ce qui compte dans le processus de maternité, c’est le suivi avant et après l’accouchement. On touche là encore à la question de la territorialisation : il faut voir ce qui est accessible et en combien de temps. Or pour 500 accouchements par an, vous ne pouvez pas avoir un obstétricien, un pédiatre et un anesthésiste dans chaque petite maternité.
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