Repenser l'école en temps de pandémie. Avec Stefania Giannini et François Taddei

Écoliers dans une salle de classe
Écoliers dans une salle de classe ©Getty - Fluxfactory
Écoliers dans une salle de classe ©Getty - Fluxfactory
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Aujourd’hui, journée mondiale de l’UNESCO de l’Éducation, les Matins s'intéressent aux effets à long terme de la pandémie sur l'éducation.

« Pire crise éducative jamais enregistrée », c’est ainsi que l’UNESCO alerte sur le recul et les perturbations liées à la pandémie sur le domaine éducatif en cette journée mondiale dédiée à l’éducation.

Depuis 2020 et partout dans le monde, des écoles ont fermé, entraînant des pertes d’apprentissage et de compétences qui se paient. L’UNESCO estime par exemple que cette génération d’élèves risque de perdre 17 000 milliards de dollars de revenus tout au long de la vie.

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Comment l’éducation a-t-elle été touchée par la pandémie et comment pouvons-nous rattraper les retards d’apprentissage ? Pour y répondre, nous sommes en compagnie de la Sous-Directrice générale de l’UNESCO pour l’éducation, Stefania Giannini et de François Taddei, biologiste, chercheur à l’Inserm et directeur de Learning Planet Institut.

La pandémie et l'éducation : état des lieux

L'UNESCO estime qu'il s'agit de la pire crise éducative jamais enregistrée. Quelle réalité se trouve derrière ces mots ?

Le Covid a été un choc énorme et sans précédent pour tous les systèmes éducatifs. Plus d’un milliard et demi d’étudiants dans les quatre-vingt pays concernés par le rapport de l'UNESCO ont été touchés. Stefania Giannini

Selon la carte interactive de l'UNESCO, plus de trente-sept millions d'apprenants, soit 2,4% des apprenants, ont été touchés par des fermetures d'établissements partielles ou totales.

En moyenne, chaque pays a connu vingt semaines de fermeture des école. En Ouganda, les écoles ont été fermées quatre-vingt-dix semaines, donc plus d’une année scolaire entière. Stefania Giannini

Les compétences basiques - lire, écrire - ont beaucoup souffert de la pandémie. Les pays pauvres et émergents ont été les plus touchés et on y a perçu un risque particulier concernant l'éducation des filles. On a également constaté que la connectivité n’est pas partout et pas pour tous. Un modèle hybride d'enseignement qui pourrait s’imposer dans le futur nécessite de faire de la connectivité une partie essentielle du droit à l’éducation. Stefania Giannini

Vers un nouveau contrat social éducatif

Quand autant de monde est privé d’éducation à grande échelle, c'est l'occasion de prendre conscience des enjeux de l'éducation :

Cette crise a révélé plus que jamais la place de l’éducation et le rôle de l’école dans la société. Il y’a une responsabilité collective de la protéger et de s’assurer que personne n’est laissé pour compte. C’est le projet de l’agenda de l’UNESCO. Stefania Giannini

Il faut absolument se préparer à de nouvelles crises. Il faut redonner de l’espoir à cette jeunesse particulièrement angoissée par la situation. L’école est un lieu d’apprentissage formel, mais aussi de convivialité et de vivre ensemble. On a vraiment besoin d’entendre cette jeunesse. Notre capacité à construire des solutions avec eux, avec leurs parents et leur enseignants est primordiale. François Taddei

Le festival Learning planet

Le festival Learning planet, créé avec l’UNESCO en 2020, se poursuit jusqu’au 29 janvier. Quelle est l’ambition de ce festival qui reflète la vision que développe François Taddei : « Apprendre à prendre soin de soi, des autres et de la planète » ?

On a besoin d’être à l’écoute de la jeunesse, de l’aider à retrouver de l’espoir, de lui permettre de se reconnecter à elle-même pour mieux se reconnecter aux autres et à l’environnement. François Taddei

Ce week-end pendant le festival, on a par exemple donné la parole aux jeunes pour développer leur capacité d'empowerment, l'envie d’agir sur le monde. Des jeunes ont symbolisé les Nations Unies. Chacun d‘entre eux représentaient un pays et ils pouvaient décider ensemble ce qu’il voulaient pour la planète. Cette capacité à faire des jeunes des citoyens du monde me paraît indispensable. François Taddei

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