Richard Wilkinson et Denys Arcand, deux regards sur les inégalités

Image extraite du film "La chute de l'Empire américain" de Denys Arcand
Image extraite du film "La chute de l'Empire américain" de Denys Arcand - Copyright Jour2fête
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Une société égalitaire est-elle moins malheureuse ?

Avec
  • Richard Wilkinson Professeur émérite d’épidémiologie sociale de l’Université de Nottingham, professeur honoraire de l’University College London, professeur invité de l’Université de York
  • Denys Arcand Cinéaste

Aux Etats-Unis, la députée Alexandria Ocasio Cortez, nouvelle figure de l’aile gauche du parti démocrate, a fait sensation en proposant début janvier de taxer les revenus des plus riches à hauteur de 80%. Presque au même moment, en France, le mouvement des « gilets jaunes » remettait à l’agenda médiatique et politique le débat sur le rétablissement de l’ISF. Pendant ce temps-là, Jeremy Corbyn promet que si les travaillistes reviennent au pouvoir en Angleterre il taxera à hauteur de 50% tous les revenus dépassant les 140.000 euros annuels. 

L’exemple de la crise vénézuélienne actuelle n’offre pourtant pas la meilleure publicité pour un plan agressif de réduction des inégalités.  Pourtant, ces plans sont salués par beaucoup d’économistes qui, à l’image du prix Nobel Paul Krugman ou de Thomas Piketty, sont de plus en plus nombreux à plaider pour une nouvelle approche fiscale dans la lutte contre les inégalités.  

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Parmi eux, Richard Wilkinson. Ce professeur émérite d’épidémiologie à l’Université de Notthingham vient nous expliquer à l’occasion de la sortie de son nouveau livre pourquoi il en est arrivé à la conclusion que les sociétés occidentales et l’ensemble de leurs citoyens auraient en réalité tout à gagner d’un système économique et social plus égalitaire. 

Nous consacrerons la deuxième partie de l’émission au cinéaste canadien Denys Arcand, dont le nouveau film –« La Chute de l’Empire américain »- est traversé par ces thématiques. 

Richard Wilkinson : 

Les conséquences des inégalités sont énormes : on y trouve plus d’homicides, plus de gens en prison, plus d’obèses dans les sociétés inégalitaires. Les effets de l’inégalité sont connus sur les pauvres mais ce que l’on sait moins, c’est que les gens riches dans un pays inégalitaire sont également touchés par ces maux. 

La méritocratie ne fonctionne pas. On nous a fait croire qu’il fallait de l’inégalité pour booster les initiatives.. Nous sommes des épidémiologistes, nous travaillons de manière empirique : nous avons observé que les pays les plus égalitaires -les pays scandinaves- sont aussi les plus inventifs. On y a observé qu’il y avait plus de brevets déposés, les niveaux en littérature et en mathématiques y sont plus élevés, les mobilités sociales, facilitées...      
 

Nous savons maintenant que les structures de notre cerveau reflètent nos expériences de vie. Votre position au sein de la hiérarchie sociale vous amène à une différence de capacité dans les structures même de votre cerveau. 

Il y a une peur de l’égalitarisme depuis les communistes. Nous voulons autre chose que l’égalité imposée par les communistes. Nous voulons que l’égalité passe par plus de démocratie, étendre celle-ci dans l’économie, l’entreprise, dans les conseils d’administration.  

Denys Arcand : 

Le Brexit, c’est les anglais qui n'en peuvent plus de Bruxelles et de ses règles. Les gilets jaunes appartiennent à la même mouvance. Avant la gauche c’était des socialistes, c’était un parti, c’était la lutte des classes, c’est un rêve qui n’existe plus. Aujourd’hui il n’y a donc plus moyen de savoir ce que les gens veulent, ils ne le savent pas eux-mêmes, ils cassent, ils veulent que ça change mais ils ne savent pas comment. 

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