« France périphérique », « centres-villes en déshérence », « déserts médicaux »... Ces expressions font florès, témoignant d'un fait nouveau : la géographie s'est invitée dans le débat public et renouvelle le questionnement sur notre dépendance à l'automobile.
- Eric Leser Ancien journaliste au Monde, il a co-fondé Slate France et l'a dirigé pendant 8 ans.
- Jacques Lévy Géographe, directeur de la chaire “intelligence spatiale” de l’université Polytechnique Hauts-de-France
Le Mondial de l’automobile a ouvert ses portes à Paris le 04 octobre. Pourtant entre la limitation à 80 km/h de la vitesse sur les routes, la multiplication des mesures de la mairie pour limiter au maximum la présence des voitures dans les rues, le « plan vélo » du gouvernement et le développement continu des moyens de transports collectifs et partagés, Paris et la France font cette année des hôtes bien peu accueillants pour un salon entièrement dédié aux voitures.
Autrefois outil indispensable d’autonomie personnelle et signe de développement économique, la voiture se trouve aujourd’hui au cœur des angoisses et des controverses d’une société française qui cherche à redéfinir son modèle environnemental et territorial sur fond de ralentissement de la croissance et d’augmentation des inégalités.
Pour en discuter aujourd’hui dans Les Matins de France Culture, Guillaume Erner reçoit Jacques Lévy et Eric Leser
Eric Leser :
Aujourd'hui on règle la question des transports de façon générale.
On oublie que la France périurbaine n'a pas de moyen de substitution à l'automobile. On peut la changer mais on ne s'en séparera pas.
La politique pour limiter l'utilisation de l'automobile est inefficace et dangereuse parce qu'elle revient à stigmatiser des populations déjà précarisées.
Jacques Lévy :
Parmi les forts usagers de l'automobile et qui ne sont pas de la France d'en bas : ce sont les habitants du périurbain.
Eric Leser :
Sur les objectifs, il y a un vrai consensus : réduire les accidents et réduire la pollution.
Le tout radar n'est pas une solution. [...] Les facteurs d'accidents les plus importants sont l'alcool et des stupéfiants.
Il y a une technologie très prometteuse : l'hydrogène. L'hydrogène est une solution qu'on ne veut pas vraiment, parce que ça va à l'encontre des constructeurs qui ont investi dans les batteries.
A un moment donné, l'automobile a été le symbole du progrès. On a du mal à se remettre dans cette France-là. La dimension de rêve de l'automobile a fortement diminué.
Jacques Lévy :
La voiture est moins associée à l'imaginaire de la liberté. Aujourd'hui l'imaginaire de la voiture s'est déplacé vers des choses plus fonctionnelles. On compte le nombre de morts aussi, et ça change la vision de l'automobile.
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