64% des Français pensent que nous pourrions prendre le chemin d’une société dominée par la haine, selon un sondage réalisé par Ipsos en janvier et publié par le Nouveau Magazine Littéraire.
- Aurélie Marcireau rédactrice en chef adjointe du nouveau magazine littéraire
- Brice Teinturier Politologue et directeur général délégué d’Ipsos France
- Marc Weitzmann Ecrivain et producteur de l'émission "Signes des temps" sur France Culture
Selon ce même sondage, seuls 46% des Français trouvent inacceptables les violences commises par les Gilets jaunes.
Violences lors des manifestations des Gilets jaunes, harcèlement sur les réseaux sociaux, hausse des actes antisémites… On est en droit de se demander aujourd’hui si notre société n’est pas en train de basculer dans une ère de la défiance et de la haine. Certaines personnes sont particulièrement ciblées : les policiers, les journalistes, les Juifs, les femmes…
En excluant la raison de l’espace public, la haine et les discours violents ne sont-ils pas en train de saper les fondements de notre démocratie ?
C’est ce que nous allons nous demander aujourd’hui avec trois contributeurs du dossier du Nouveau Magazine Littéraire consacré à la montée de la haine dans la société française :
Brice Teinturier, politologue enseignant à Sciences Po, et directeur général délégué de l'institut de sondage Ipsos depuis 2010, il est notamment l’auteur de « l’Enquête sur la montée de la haine et de la violence dans la société française » (IPSOS, janvier 2019) ;
Aurélie Marcireau, rédactrice en chef adjointe du Nouveau Magazine littéraire.
Et en deuxième partie d’émission Marc Weitzmann, journaliste et écrivain, il est notamment l’auteur de Un temps pour haïr, (Grasset, 2018).
La construction sociale :
Dans notre pays, 80% des Français disent que quand on croise quelqu’un qu’on ne connaît pas, on n’est jamais trop prudent à son égard. Brice Teinturier.
La question des inégalités est centrale… Dans une société qui ne fabrique plus d’espérance, on constate une montée du populisme. Brice Teinturier
On a besoin de construire des figures du mal. Ça permet de simplifier la vision du monde dans un monde complexe et c’est utile d’avoir une série d’ennemis. C’est le thermomètre démocratique dans lequel nous vivons. Brice Teinturier
Aux Etats-Unis, avant l’élection de Donald Trump, il y avait une énorme colère pratiquement invisible. Nous, en France, on a le contraire, une haine et une colère flagrante et partout. Marc Weitzmann.
L’antisémitisme :
La haine des Juifs, c’est le rejet de la démocratie. Brice Teinturier.
Le moment présent, c’est la conjonction de plusieurs formes d’antisémitismes : les préjugés à l’égard des Juifs (argent, allégeance à l’égard d’Israël, communauté soudée), la résurgence du nationalisme (ce que l’on croyait être terminé, le rejet des Juifs par une extrême droite etc. est toujours là, dans une société fragmentée), l’islamisme radical (qui au même moment vient alimenter la machine à rejeter les Juifs), la crise économique et identitaire (l’avenir est bloqué, la haine se dirige à nouveau contre les Juifs). Brice Teinturier.
Les sympathisants de gauche et de la France Insoumise sont ceux qui partagent le moins les préjugés contre les Juifs. Brice Teinturier.
Il y a une zone grise où la critique d’Israël peut être acceptable et en même temps, à travers la critique d’Israël, une forme cachée d’antisémitisme. Les deux co-existent. Brice Teinturier.
Les réseaux sociaux :
Ce que les gens ont tendance à oublier, c’est qu’il y a des contenus sur les réseaux sociaux qui peuvent conduire au pénal. Brice Teinturier.Références musicales
Références musicales diffusées à 8h58 dans la chronique d'Alexandra Schwartzbrod :
"Intro to Shamstep" de 47 Soul
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