Spéciale Nuits des Idées – Les humains vont-ils remplacer les robots ?

Homme d'affaire serrant la main d'un robot
Homme d'affaire serrant la main d'un robot ©Getty - Libre de droits
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A l'occasion de l'événement international "La nuit des idées", nous lançons le débat sur la complexité de nos vies numériques, avec le sociologue Antonio Casilli et l'historienne Marie Peltier.

Avec

La machine sans être humain ?

Je m’efforce de montrer que la crainte de destruction d’emplois à cause de l’intelligence artificielle n’est pas fondée… En réalité, on fait face à une pression sur l’encadrement formel de l’emploi… Ces machines ne peuvent se débarrasser du travail humain. Donc plus vous injectez des machines sur le marché, plus vous avez besoin d’êtres humains qui encadrent ces machines. Antonio Casilli.

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La réalité de terrain est que ces machines sont moins dangereuses qu’on ne le pensait mais sont, en même temps, porteuses d’une certaine idéologie qui est, elle, dangereuse… Le travail du clic, c’est ce qui nourrit l’intelligence artificielle à l’heure actuelle. Antonio Casilli.

Voitures autonomes :

Il faut démystifier le discours marketing d'Uber. Quand Uber propose la démonstration du véhicule autonome, ces véhicules ne sont pas si autonomes que cela, ils ne sont pas sans chauffeur. C’est une question de sémantique, l’usager est un opérateur de conduite. Antonio Casilli.

Les passagers sont tracés et leurs données sont monétisées. Après, ces données sont utilisées pour préparer des algorithmes d’amélioration du trafic urbain et aussi pour améliorer la performance des véhicules autonomes. Antonio Casilli.

Complotisme et débat public : 

Deux formats ont privilégié un système de pensée très binaire et de polarisation du débat public : le format video et le format image. Ceci contribue à une simplification de la pensée et à la désignation de cibles. La désignation des journalistes comme une cible, en réalité, ça fait plus de 15 ans qu’elle se répand à travers le web. De là à dire que c’est le web qui en est responsable, non. Marie Peltier.

Actuellement, on est dans une impasse de la lutte contre le complotisme car on a longtemps sous-estimé le terrain que cela prenait, on a beaucoup moqué ce discours jugé bête, ridicule alors que c’est un discours construit idéologiquement. Il y a, par ailleurs, un vrai fond idéologique ancien : le complotisme, dans sa forme telle qu’il est structuré idéologiquement, date de la fin du XVIIIè siècle et est très intrinsèquement lié à l’histoire de l’antisémitisme. Marie Peltier.

Il y a un évitement de la question des lignes rouges et de la question éthique. Le discours complotiste est un discours très régulièrement pro régime autoritaire. C’est un discours qui a soutenu de manière éhontée Bachar Al Assad, présenté comme une victime d’un conflit mondial et victime des islamistes. Très peu de gens ont combattu ce discours frontalement : cette parole manque, c’est ce qui manque. La soif éthique est vraiment prégnante dans le débat public, il y a une très grande exigence citoyenne par rapport à une demande de balises éthiques et politiques qui ne sont pas claires. Marie Peltier.

Le complotisme est un imaginaire qui a pris de plus en plus d’espace, qui imprègne tous les acteurs du débat public à des degrés divers. Le complotisme est une arme de victimisation, une arme politique, elle peut servir des intérêts particuliers et des intérêts globaux. Qui ne s’est pas dit victime d’une cabale en France ces derniers mois ? Marie Peltier.

Les fermes à clics :

Ce sont des ouvriers du clic qui ne font que des remontées de classements de certains contenus (pas forcément complotistes) et multiplient des « like ». Parfois des fermes à clics existent aussi dans des foyers chez certains particuliers. Antonio Casilli.

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